Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Quel suivi pour éviter la dialyse ?
C’était une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Il l’a tenue. Dès la rentrée, 47000 futurs médecins, sages-femmes ou infirmiers devront conduire des missions de prévention, notamment dans les écoles, au cours d’un «service sanitaire », obligatoire pour l’obtention du diplôme. L’information n’a pas échappé au Docteur Bellâtre qui s’est transformé en maître d’école pour nous expliquer – toujours avec humour – en quoi consiste cette mesure.
Quelle réaction à cette annonce ?
Très enthousiaste. Comment le médecin du travail que je suis peut ne pas se réjouir que les étudiants en santé soient sensibilisés au cours de leur formation à la prévention. Il y a très peu d’enseignement sur ce thème, parent définitivement pauvre de la médecine, toujours très tournée vers le curatif.
Quelle idée vous a particulièrement séduit dans ce que vous
nommez « le service militaire de la prévention » ?
Je trouve que c’est une très bonne idée de généraliser ce service sanitaire à l’ensemble des étudiants en santé. La pluridisciplinarité est une réalité à laquelle tous ces futurs professionnels de santé seront confrontés. Mais, avec près de étudiants envoyés sur le territoire pour « porter la bonne parole » c’est une véritable machine de guerre qu’on lance.
Vous semblez avoir une opinion plus mitigée concernant la réalisation de ce projet.
Ce sont les réactions des internautes qui m’ont incité à questionner la mesure. Pour des étudiants en santé en e ou e année, qui se voient déjà confier de nombreuses tâches, en récupérer encore d’autres, non rémunérées… la pilule est difficile à avaler !
Plutôt qu’un service obligatoire n’aurait-il pas été plus pertinent de parier sur le volontariat ?
Certainement, mais auraitil permis d’obtenir le nombre d’étudiants suffisants pour couvrir tout le territoire ?
Ne trouvez-vous pas aussi que l’on en fait un peu trop avec la prévention?
Il est vrai que la prévention est presque devenue un slogan politique. On se souvient des discours de Macron autour de ce sujet lors de sa campagne. Il demeure que selon moi, la prévention est la base de tout ; alors, même si cette mesure est un cachemisère, elle est utile. Comment préserver la fonction des reins chez les personnes avec une maladie rénale chronique? Peut-on éviter ou retarder la dialyse? Pour répondre à ces questions, l’Inserm et l’Université ParisSud ont mis en place la cohorte CKD-REIN () pilotée par Bénédicte Stengel qui livre aujourd’hui de premiers résultats. Cette étude (d’une durée de ans) porte sur plus de personnes avec une maladie rénale, et suivies par un néphrologue. En réalité, il apparaît que la majorité des patients ne voit de spécialiste qu’une fois par an, et c’est le médecin généraliste qui est en première ligne pour assurer le suivi. Or, les patients au stade modéré ou avancé de la maladie présentent déjà plusieurs complications et prennent un grand nombre de médicaments, huit par jour en moyenne. L’étude pointe plusieurs priorités d’actions qui permettraient d’améliorer leur prise en charge : mieux contrôler la pression artérielle, augmenter les conseils diététiques par des professionnels, sensibiliser les médecins et les patients sur le risque de poussée aiguë d’insuffisance rénale et les moyens de les éviter, et sur le risque de surdosage des médicaments. Des complications qui font la gravité de la maladie. Rappelons qu’aujourd’hui en France, personne sur ( personnes) est dialysée ou greffée car ses reins ne fonctionnent plus. Ces traitements sont lourds et contraignants pour les malades et très coûteux pour le système de santé. Dans ce contexte, identifier les déterminants de la progression de la maladie rénale chronique, et les pratiques cliniques les plus efficaces pour préserver la fonction des reins et éviter ou retarder la dialyse est tout à fait essentiel. 1. Pour en savoir https ://ckdrein.inserm.fr/ plus :