Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« America, projet littéraire et journalistique »
Invité de la fête du livre, (comme la revue America lire plus loin) l’hebdomadaire Le 1 fêtera le 2 mai prochain son 200e numéro sur le « thème des utopies “A-t-on encore le droit de rêver?“», confiait hier matin Éric Fottorino, le directeur de la rédaction. Ce sera pour l’occasion « un deux feuilles, un deux en un», soufflait l’ancien patron de la rédaction du Monde, prix Fémina, et grand défenseur de la presse papier.
Le1 . Pour ceux qui ne connaissent pas le journal (sans publicité), il se présente sous un format A4 qu’il faut ensuite déplier, et retourner, pour y lire les différents articles écrits par des journalistes et des écrivains. Un petite gymnastique finalement assez aisée. « Nous avons 35000 acheteurs et nous avons passé les 21500 abonnés. Le point d’équilibre est à 28-29 000 », détaille Éric Fottorino.
« On croit au support papier »
« Depuis un an et demi, nous publions aussi des livres avec les éditions de l’Aube. Nous avons une collection avec un auteur, une compilation commentée de ses textes (exemple Macron par Macron ,qui reprend trois entretiens réalisés par Éric Fottorino, Ndlr). Dans la seconde, nous retenons un thème et reprenons une vingtaine de textes qui l’éclairent publiés dans Le1 . Cela s’appelle Les indispensables (Qui est Daech ? pour citer un numéro thématique, Ndlr). L’économie est très simple, une reprise des textes avec un dossier à la fin. Comme nous sommes une économie sans publicité, Le1 ne peut exister que parce qu’il a des lecteurs. On va les chercher sur notre vaisseau amiral, mais aussi sur les hors séries et les livres. Dès que l’on croit au support papier, l’idée est de lui faire exprimer le meilleur. La temporalité de l’hebdomadaire n’est pas nécessairement la fin de vie d’un journal. Par exemple, la plupart des kiosquiers nous gardent plus d’une semaine. Le numéro sur les présidents à vie, voilà deux semaines, n’est pas périmé. Deuxièmement, quand on reprend en livre des textes très forts que l’on a édités pour Le 1, on fait la preuve qu’ils ont une vie plus longue que la temporalité de la presse ».
America. À l’honneur également ce week-end, le trimestriel créé par Eric Fottorino et François Busnel voilà 15 mois après l’élection du nouveau président américain. C’est une revue éphémère amenée à disparaître à la fin du mandat de Donald Trump, soit après 16 numéros. «Cette rareté nous permet de créer une attention et une valeur à un projet qui est purement littéraire et journalistique. Nous réunissons des points, des analyses, des nouvelles d’écrivains américains, français ou européens, avec des reportages », souligne Eric Fottorino.
« Trump agent de propagande »
Et avec le président américain, la revue a trouvé un bon agent littéraire… «un agent de propagande », sourit le journaliste. «Le ressort principal d’America, c’est ce que peut raconter Donald Trump à tort et à travers, ses frasques, les interrogations, les craintes qu’il suscite. Il crée une curiosité sur l’Amérique encore plus forte. Cela ne s’est pas démenti depuis le lancement, nous vendons en moyenne 40 000 exemplaires, annoncet-il. C’est aussi la foi dans un bel objet de presse. Quand on redonne une valeur au contenant, c’est le préalable pour redonner une valeur au contenu. Cela a été ma démarche pour Le1 et pour America.»