Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Retrouvée, la maman de Mercy témoigne
Taïwo, mère de la petite migrante de l’Aquarius dont l’histoire, en chanson, représentera la France à l’Eurovision, a livré sa détresse et ses désirs d’avenir meilleur pour sa fille
Dans la foulée d’une équipe de France Inter, France Télévisions a pu rencontrer Mercy, la petite migrante de l’Aquarius (lire ci-contre) , et sa maman, Taïwo. Les deux médias ont retrouvé sa trace dans le plus vaste camp de réfugiés d’Europe, non loin de Catane, en Sicile. À cinquante kilomètres du port où elle a été débarquée par les bénévoles de SOS Méditerranée le 21 mars 2017. François Beaudonnet, correspondant à Rome de France Télévisions, a pu l’interviewer longuement. Un reportage diffusé hier soir dans le journal de 20 heures de France Télévisions.
« Que ça puisse aider sa fille »
«Nous avons d’abord pensé que Mercy était en Allemagne, mais nous les avons finalement retrouvées là, dans le centre Cara de Mineo en Sicile. J’y suis allé une fois sans caméra pour les rencontrer, puis nous sommes allés filmer vendredi », nous indique François Beaudonnet, de France 2. «Quand je lui ai fait écouter le titre du groupe Madame Monsieur sur mon téléphone, elle ne disait rien. Quand j’ai regardé, elle pleurait. Elle a appris tout récemment qu’une chanson a été faite sur elle. Je ne sais pas si elle a compris l’ampleur du phénomène, mais elle a envie que ça puisse aider sa fille.» Une autre équipe de journalistes, de France Inter, avait retrouvé la trace de Mercy et de sa maman un mois avant France Télévisions. Là aussi, il s’agissait d’une première prise de contact avant de la revoir il y a quelques jours. Eric Valmir et Alessandro Puglia ont publié leur reportage samedi soir sur le site de France Inter. Il sera prochainement diffusé sur les ondes. «Je voudrais trouver un travail, je suis couturière de formation, leur a confié Taïwo, la maman de Mercy. Mais n’importe quel emploi m’irait très bien. Je voudrais que Mercy aille dans une grande université, elle ne peut endurer ce que j’ai vécu. Tout ce que j’ai entrepris depuis mon départ du Nigeria, c’est pour elle. Et je me dis que donner la vie après avoir frôlé la mort est un signe du destin. » Selon Eric Valmir et Alessandro Puglia, le camp de baraquement en dur où elles vivent est une ancienne base de l’Otan où étaient hébergées les familles américaines. «Un camp dont la gestion a été visée par des enquêtes judiciaires par le passé, un camp géré par la mafia avec prostitution, corruption et criminalité, traite des êtres humains à l’intérieur. Aujourd’hui, la direction a changé et les autorités ont repris la main. Personne n’entre, personne ne sort. C’est le plus grand camp de réfugiés en Europe», écrivent-ils. Taïwo dispose d’un permis de séjour de deux ans, mais projette de quitter l’Italie et d’aller encore plus au nord. « Elle a toujours rêvé de la France, mais elle sait que les procédures se sont durcies », indique France Inter.
Appel au secours
Le journaliste François Beaudonnet dit avoir trouvé une petite fille très éveillée, très gaie, qui jouait avec le téléphone de sa mère. En revanche, la maman, qui a témoigné sur la dureté des conditions de vie dans le camp, a lancé un véritable appel au secours hier soir sur France 2. « Elle ne veut surtout pas rester dans ce camp. Elle souhaiterait que cette chanson l’aide à partir. »