Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des personnali­tés « contre le nouvel antisémiti­sme »

- De

Nicole Belloubet a réagi hier, après que trois cents personnali­tés ont signé un manifeste « contre le nouvel antisémiti­sme » en France marqué par la «radicalisa­tion islamiste » ,etdénonçan­t un « silence médiatique » et une « épuration ethnique à bas bruit » dans certains quartiers. « Pour mon ministère, il y a une volonté farouche de lutter contre l’antisémiti­sme » , assure-t-elle, affirmant avoir envoyé une circulaire en ce sens aux procureurs. Nicole Belloubet alarme sur l’urgence de « tout faire pour éviter une guerre des communauté­s, car la France est un pays de la mixité, de la cohésion (...) Si cette tribune traduit une inquiétude, il faut y répondre par une volonté de cohésion ». Le manifeste paru hier dans Le Parisien est un texte signé par des personnali­tés politiques de droite comme de gauche (Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez, Manuel Valls, Bertrand Delanoë...), des artistes (Charles Aznavour, Gérard Depardieu...), des intellectu­els, des responsabl­es religieux juifs, musulmans et catholique­s. « Nous demandons que la lutte contre cette faillite démocratiq­ue qu’est l’antisémiti­sme devienne cause nationale avant qu’il ne soit trop tard. Avant que la France ne soit plus la France », peut-on lire. « Dans notre histoire récente, onze Juifs viennent d’être assassinés - et certains torturés parce que Juifs par des islamistes radicaux », écrivent les signataire­s, en référence à l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006, la tuerie dans une école juive de Toulouse en 2012, de l’attaque de l’Hyper Cacher en 2015, de la mort par défenestra­tion à Paris de Sarah Halimi en 2017 et, récemment, du meurtre d’une octogénair­e dans la capitale, Mireille Knoll.

«  fois plus de risques d’être agressés »

« Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyen­s musulmans », lit-on dans ce manifeste. « Dix pour cent des citoyens juifs d’Ile de France -c’est-àdire environ 50.000 personneso­nt récemment été contraints de déménager parce qu’ils n’étaient plus en sécurité dans certaines cités et parce que leurs enfants ne pouvaient plus fréquenter l’école de la République. Il s’agit d’une épuration ethnique à bas bruit au pays d’Emile Zola et de Clemenceau », accusent les signataire­s. Le manifeste relève que « la radicalisa­tion islamiste - et l’antisémiti­sme qu’elle véhicule - est considérée exclusivem­ent par une partie des élites françaises comme l’expression d’une révolte sociale (...) ». En outre, « au vieil antisémiti­sme de l’extrême droite s’ajoute l’antisémiti­sme d’une partie de la gauche radicale qui a trouvé dans l’antisionis­me l’alibi pour transforme­r les bourreaux des juifs en victimes de la société », assène le texte.

« Le vote musulman dix fois supérieur au vote juif »

« La bassesse électorale calcule que le vote musulman est dix fois supérieur au vote juif », accusent les signataire­s. Ciblant principale­ment ce « nouvel antisémiti­sme » qui sévit dans les quartiers populaires sous l’effet d’un islam identitair­e voire radical, les signataire­s demandant « que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiqu­es, (...) afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime ». Existe-t-il un nouvel antisémiti­sme en France ? Les trois cents personnes, hommes et femmes politiques, écrivains, réalisateu­rs, qui ont signé hier un appel commun, le pensent et le disent bien haut. Oui, les Français juifs ont aujourd’hui  fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyen­s musulmans, oui, % des habitants juifs d’Ilede-France ont été obligés de déménager parce qu’ils ne se sentaient plus en sécurité dans leurs quartiers. A vrai dire, l’Histoire de France nous rappelle que l’antisémiti­sme dans notre pays a toujours existé : l’avant-guerre et la guerre de -, avec sa rafle du Vel d’Hiv par exemple, en portent hélas maints témoignage­s. Mais aujourd’hui, inutile de se cacher derrière son doigt : il y a bien, du meurtre de Sarah Halimi, Parisienne de  ans, en , jusqu’à, tout récemment, l’assassinat de Mireille Knoll,  ans, dans le XIe arrondisse­ment de Paris, un nouvel antisémiti­sme né du radicalism­e islamiste, qui menace gravement la paix sociale et, peut-être même, la démocratie en France. Le péril est grave, immédiat. Pour ceux qu’il vise d’abord, évidemment, ces citoyens juifs qui font partie de la communauté française depuis des siècles et sans qui, comme l’a dit Manuel Valls à la tribune du Palais Bourbon en , la France ne serait pas la France. Mais aussi pour l’islam modéré, qui ne doit pas laisser sa religion dénaturée, défigurée, par les extrémiste­s qui parlent en son nom. Voilà pourquoi il est important que chacun en prenne conscience. La paix sociale de la France au XXIe siècle passera forcément par une volonté commune : celle de la majorité des Français de confession différente, juifs, chrétiens ou athées, qui doivent dénoncer « l’épuration ethnique » à leur porte. Et aussi, mais on ne le dit pas assez, par la volonté des musulmans de France de prendre en mains leur destin. Quelques imams ont défilé à Paris dans la « marche blanche » accompagna­nt Mireille Kohl jusqu’à sa dernière demeure. Mais on le sait : ils sont minoritair­es à mettre en garde ceux de leur communauté. Il est urgent, pourtant, de leur dire, et de leur faire dire, par des musulmans, imam ou pas, qu’ils n’ont pour l’avenir de pires ennemis qu’eux-mêmes.

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(Photo AFP) Des manifestan­ts à Paris, participan­t à «une marche blanche» contre l’antisémiti­sme après le meurtre de Mireille Knoll.
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