Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Macron : « cette visite d’État est essentielle pour nos peuples »
L’avion présidentiel s’est posé hier à 19 heures, heure française, sur le tarmac de l’aéroport d’Andrews, près de Washington. Emmanuel et Brigitte Macron entament une visite d’État de trois jours
Ils planteront un chêne à la Maison Blanche pour afficher leur amitié mais s’opposeront sur plusieurs dossiers majeurs: Emmanuel Macron retrouve Donald Trump à Washington pour une visite d’État qui s’annonce délicate. Le président français et son épouse, ont atterri peu après 13 heures locales sur la base aérienne d’Andrews. « Nous sommes très heureux et honorés d’être ici avec ma femme Brigitte. Cette visite d’Etat est essentielle pour nos peuples et pour nous. Nous aurons l’occasion d’avoir plusieurs conversations avec le président Trump », a délcaré le président à son arrivée sur le sol américain.
Dîner d’État ce soir à la Maison Blanche
«Après des mois de préparation, POTUS et moi avons hâte de recevoir la France pour notre premier dîner d’État ! », a tweeté Melania Trump, en publiant une vidéo qui la montre en train de veiller aux préparatifs du dîner d’État qui doit se tenir ce soir à la Maison Blanche. Cette visite de trois jours démarre par un acte d’amitié symbolique: les deux présidents planteront dans les jardins de la Maison Blanche un jeune chêne offert par le Français. L’arbre vient d’une forêt du nord de la France où périrent plus de 2 000 Marines américains pendant la Grande Guerre, lors d’une bataille sanglante contre l’armée allemande.
Des sujets de discorde
L’amitié inattendue entre les deux présidents que séparent plus de 30 ans et des positions souvent aux antipodes sera mise à l’épreuve les jours suivants, quand démarreront les discussions de fond. Le président français espère en effet infléchir son hôte, qu’il a en janvier qualifié d’« imprévisible», sur plusieurs sujets de discorde. En premier lieu, il veut le convaincre de maintenir l’accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump envisage de rompre. Il cherchera aussi à le persuader de laisser ses troupes en Syrie et d’exempter l’UE de taxes douanières sur l’acier et l’aluminium. Pour préparer le terrain, Emmanuel Macron a énuméré ses arguments dimanche sur Fox News, chaîne que regarde assidûment son hôte. Hors de l’accord de 2015, «il n’y a pas de plan B» pour empêcher Téhéran se se doter de la bombe atomique, a-t-il plaidé. Et sur la Syrie, si les Occidentaux se retiraient brutalement, l’Iran occuperait le terrain et le retrait attirerait de nouveaux terroristes, a-t-il indiqué.
Des soutiens internationaux
Le dirigeant français a reçu hier deux renforts de poids sur la question iranienne. La Chine et la Russie ont annoncé qu’ils bloqueraient toute tentative de «saboter» l’accord nucléaire signé en 2015 avec l’Iran et jugé «inacceptable» toute révision de ce texte fruit d’années d’efforts diplomatiques. L’accord conclu par les grandes puissances avec Téhéran pour l’empêcher de se doter de l’arme atomique est «l’une des plus grandes réalisations de la diplomatie internationale ces dernières années »et« toute révision de ce document est inacceptable», a martelé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à l’issue d’une entrevue à Pékin avec son homologue chinois Wang Yi.
Entretien avec Vladimir Poutine
Et juste avant son arrivée aux États-Unis, le chef de l’état français s’est entretenu hier matin avec Vladimir Poutine, qu’il rencontrera le 24 mai, pour évoquer notamment la nécessité de préserver l’accord. Londres aussi a apporté hier de l’eau à son moulin. Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique, a souligné qu’entre la France et la Grande-Bretagne il n’y avait «pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes »surle sujet et que l’accord devait être préservé. De son côté Téhéran a averti samedi que l’Iran reprendrait «vigoureusement» l’enrichissement d’uranium en cas de rupture de l’accord, première étape pour fabriquer l’arme atomique. Mais dans l’éventualité où Washington se retirerait, les autres signataires occidentaux réfléchissent déjà à la façon de maintenir l’accord dans une «version non-US», a expliqué Boris Johnson. Paris se refuse pour l’instant à évoquer publiquement un tel scénario.