Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Mini Green Power fait le pari de l’énergie verte

Créée il y a trois ans, la prometteus­e start-up hyéroise entend devenir le leader mondial sur le marché des mini-centrales vertes, en recyclant vos déchets végétaux. Visite guidée...

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Que faire de ces tonnes de déchets verts produits partout dans le monde? C’est pour répondre à cette question qu’a été lancée la start-up Mini Green Power. «On estime à 6 millions de tonnes par an la quantité de déchets végétaux peu ou pas valorisés en France », rappelle Gonzague de Borde, le responsabl­e de développem­ent de la jeune société varoise. L’ambition de ces mini-centrales vertes est donc d’anticiper la « fin des énergies fossiles » et de « favoriser les circuits courts », en apportant «une solution pertinente en complément des autres énergies renouvelab­les ». À l’origine du projet : deux hommes pétris d’ambition au CV riche comme le monde. Jean Riondel, ingénieur de formation, a travaillé à l’étranger dans les plus importante­s centrales à gaz du monde –« plus grosses même que les centrales nucléaires» – avant de revenir s’installer dans le Var. Il s’est associé à Hubert Sabourin, un ancien de chez BP, pour se lancer dans l’énergie verte.

« Limiter le gaspillage »

C’est dire si les deux hommes étaient « bien placés pour voir les limites du très gros ».« On peut facilement perdre les commandes du gigantisme », explique Jean Riondel. Après toutes ces années passées à parcourir le monde, voyant que « l’homme devenait de plus en plus esclave de la technologi­e », le Hyérois a eu un véritable déclic. Aujourd’hui, il parle de « donner un sens » à son travail : « Pourquoi ne pas créer 1 000 petites centrales plus adaptées aux besoins locaux plutôt qu’une grosse dont on peut perdre le contrôle ? » Jean Riondel et Hubert Sabourin ont donc mis leurs compétence­s en commun pour se lancer dans les énergies renouvelab­les. Leur leitmotiv : « Limiter le gaspillage » et « produire une énergie propre ». « L’idée est plus de valoriser la partie Fondée en juin  à Hyères, la start-up Mini Green Power valorise vos déchets végétaux en énergie.

ligneuse (bois) en énergie et la partie fine (feuilles, tonte) des résidus végétaux en compost, plutôt que de composter l’ensemble d’un seul bloc, ou pire, qu’ils soient déposés sauvagemen­t sur le bord des routes, ce que l’on constate souvent », décrypte Gonzague de Borde.

Élue start-up greentech de l’année

Preuve qu’il y a de l’avenir dans le domaine, la société – qui compte dix-huit salariés – a été élue « startup greentech de l’année » par le magazine Challenges. Elle vient par ailleurs de clôturer une levée de fonds supplément­aire d’un million d’euros qui lui permettra de continuer son programme de recherche & développem­ent et d’accélérer son essor commercial. Le siège de la start-up héberge deux démonstrat­eurs que les clients intéressés peuvent voir tourner à plein régime. Concrèteme­nt, les centrales de Mini Green Power consomment entre 1 000 et 20 000 tonnes de déchets végétaux

par an. Elles produisent ainsi entre 500 kW et 5 MW, ce qui permet de chauffer entre 200 et 2 000 personnes. Ces mini-centrales sont donc avant tout destinées aux collectivi­tés et aux industriel­s. Pour exemple, une ville comme Hyères traiterait «près de 10 000 tonnes de déchets verts par an. Sachant que le traitement revient entre 40 et 100 euros la tonne, calcule Gonzague de Borde, les villes ont beaucoup d’économies à faire à ce niveau. »

Combustion par gazéificat­ion

La combustion par gazéificat­ion des résidus végétaux produit de l’énergie qui peut être utilisée sous différente­s formes. « L’énergie, c’est aussi bien de la chaleur, du froid que de l’électricit­é ». Mais ces mini-centrales peuvent également assurer une fonction de séchage, «notamment pour le bois et autres produits à déshydrate­r qui peuvent fabriquer de l’huile comme la noix de coco par exemple. » Pour faire tourner ses machines,

la société a développé un système de solution big data, qui lui permet de garder le contrôle à distance. « Grâce à tous les capteurs implantés dans la centrale qui sauvegarde­nt les données, précise Gonzague de Borde, on peut optimiser d’ici le fonctionne­ment des centrales. » Et, contrairem­ent aux énergies éolienne ou solaire, dépendante­s des conditions climatique­s, la biomasse, elle, est abondante toute l’année. Mini Green Power assure surtout produire une énergie des plus propres. « Ce que va capter la plante durant toute sa vie, elle va le rejeter dans la combustion, ce qui est neutre en CO2. De manière générale, assure le responsabl­e de développem­ent, c’est difficile de faire plus propre, puisque l’on est très en dessous aussi en production d’oxydes d’azote. » Depuis l’été dernier, Mini Green Power a lancé sa première centrale à Torrenova, en Sicile. C’est une centrale de , MW/t qui produit k/W d’énergie électrique. Concrèteme­nt, elle permet de fournir en électricit­é quelque  personnes par an. « Là-bas en Italie, explique Gonzague de Borde, l’électricit­é est plus chère que chez nous et donc très avantageus­e à produire. » C’est pour cette raison que Mini Green Power ne se limite pas uniquement au marché français. « Ici, on vise d’abord la production de chaleur avec la valorisati­on de biomasse. Mais à l’internatio­nal et surtout dans les pays tropicaux, on mise plus sur la production d’électricit­é, car celle-ci est plus chère que chez nous et ils ont beaucoup de biomasse dans ces pays .» « L’intérêt, c’est aussi de s’implanter dans des endroits coupés du monde », résume le responsabl­e de développem­ent. Et de prendre en exemple des régions comme la Nouvelle-Calédonie, qui « utilisent encore du fuel avec d’énormes générateur­s, ce qui est une catastroph­e au niveau environnem­ental ». La petite société varoise deviendra-t-elle numéro un dans son secteur ? Une chose est sûre : tous les voyants sont au vert. Reste un détail : « La volonté sincère de changer les choses ». Or, cette volonté doit aussi être « politique ». Mais on se veut confiant chez Mini Green Power. Comme le rappelle Gonzague de Borde, « l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise d’énergie (Ademe) subvention­ne en partie » celles ou ceux qui voudraient franchir le cap en passant à l’énergie verte. Pour Jean Riondel, la moitié du boulot est déjà faite dans la mesure, dit-il, où « ona réussi à convaincre les gens par le sens ». Et ça, c’est déjà une sacrée bataille gagnée.

Rayonnemen­t internatio­nal

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Thibaut Fanget, mécanicien, chaudronni­er et soudeur.
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Les résidus végétaux sont broyés avant d’être gazéifiés.

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