Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Quand la CGT offre le péage
Opération séduction hier des militants de la Confédération générale du travail, qui ont démonté les barrières au Capitou, à Fréjus, et à Nice Saint-Isidore pour laisser les véhicules passer sans payer
«Privatiser les services publics, c’est se priver de services publics ». Olivier Masini, secrétaire général de l’union départementale CGT du Var, a le sens de la formule. Hier matin, cinquante militants de la confédération, dont une grosse délégation de cheminots des Arcs et de Toulon, ont mené une opération « péage gratuit » entre 8 h et 10 h au Capitou, à Fréjus, et à Nice Saint-Isidore (1). À leurs côtés, des employés des secteurs de l’énergie, de la santé et de l’interprofession (Toulon, Draguignan, Saint-Raphaël) ont distribué des tracts aux automobilistes et chauffeurs de camions prenant la peine de s’arrêter.
Faire passer un message
Car avec la multiplication des badges de télépaiement, de nombreux véhicules sont passés sans profiter de la gratuité offerte par les participants qui, munis de masques à l’effigie d’Emmanuel Macron, avaient démonté les barrières à leur arrivée. Les réactions des clients de Vinci étaient diverses. « Si ça pouvait être comme ça à tous les péages », commentait un artisan dans son fourgon, alors que d’autres remerciaient d’un « c’est gentil », sans chercher à comprendre. Avec «le vent de contestation qui souffle dans le Var comme ailleurs », la CGT croit toujours à « un printemps de luttes ». Cette action de séduction était d’ailleurs destinée à faire passer ce message. « Pour une prise de conscience collective de ce qui est en train de se jouer aujourd’hui dans le pays, a relevé Olivier Masini. À chaque journée d’action, on a de plus en plus de professions mobilisées. Dans la santé, on a des agents qui n’ont jamais manifesté jusqu’ici. On a des salariés qui expriment leurs revendications dans leur entreprise, du secteur public et du privé. » Et de citer l’exemple de la grève à Carrefour, suivie par 80 % des personnels le mois dernier. Sur le service public, il a souligné : « On voit bien les manques. La politique d’austérité ne peut plus durer. Les usagers nous le disent et le démontrent avec des messages, des cagnottes ». Les gendarmes du peloton autoroutier sont venus et ont discuté avec les syndicalistes, mais sans intervenir, l’action devant s’arrêter à 10 h. Un huissier était également présent pour constater les faits à la demande de Vinci.
1. Des opérations similaires ont été menées à Avignon, et Lançon-de-Provence.