Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Avicii était quelqu’un de timide, simple... et doué »
Le DJ fréjusien Sébastien Drums, ami d’Avicii, le connaissait depuis ses débuts, collaborant avec lui sur plusieurs titres dont quelques gros succès. L’artiste suédois venait régulièrement à Fréjus
C’est un peu sonné, comme tous ceux qui ont connu Avicii, de près ou de loin, que Sébastien Drums ressasse le passé. Le Fréjusien conversait très régulièrement avec le Suédois, et prenait grand plaisir à le revoir de temps en temps, à Fréjus, à Stockholm ou ailleurs. La tragique disparition du DJ Avicii, de son vrai nom Tim Berling, vendredi, à l’âge de 28 ans, attriste Sébastien Drums. Celui qui est depuis peu le directeur artistique du Mas d’Estel à Saint-Aygulf confie son sentiment.
Comment avez-vous appris la nouvelle de son décès ?
Je l’ai appris via les réseaux sociaux. Il y avait des rumeurs qui couraient, et finalement la nouvelle est tombée. Dire qu’il y a encore dix jours, on s’envoyait des messages pour se donner des nouvelles, je l’ai invité à revenir à Fréjus.
Vous avez été affecté ?
J’ai été très touché d’apprendre sa disparition, c’était inattendu, ça l’est toujours dans ce cas... Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’il s’est passé réellement. C’est un artiste qui a connu un énorme succès, qui fait partie des plus grands DJs. Il fait partie de la légende dans le monde de la musique électronique d’aujourd’hui, il a rempli des stades entiers... Et sincèrement je ne m’attendais pas à sa mort, comme la plupart de son entourage. Cela m’attriste réellement. Il avait toute la vie devant lui.
Il s’était mis un peu en retrait car tout allait trop vite pour lui, vous pensez que cela a un rapport avec sa disparition ?
C’est vrai qu’il avait mis sa carrière entre parenthèses en ce moment, même s’il souhaitait continuer à produire puisque c’était sa grande passion. Vous savez, quand le succès vous tombe dessus subitement et très jeune - à l’âge de ans il remplissait des stades et jouait dans les plus grandes discothèques du monde - c’est très compliqué à gérer, il faut avoir les épaules solides et savoir s’entourer des bonnes personnes, un management qui gère tout de A à Z. C’est surtout au niveau de la pression qui est si forte, et qui n’est vraiment pas simple à gérer, quand on fait, je crois, plus de deux cents shows par an, en moyenne. C’était un investissement énorme et dans ces cas-là, la santé en prend un coup forcément. Il faut absolument respecter une hygiène de vie pour tenir le coup. Même psychologiquement, il faut arriver à assumer. Peu d’artistes de sa tranche d’âge ont réussi à faire ce qu’il a fait.
Vous a-t-il déjà fait part de ses ennuis ?
C’est vrai qu’il avait quelques soucis de santé mais bon, je ne me prononcerai pas dessus, c’est peut-être un ensemble de choses, je ne sais pas précisément pour être honnête. Pour le moment, la famille tient à ce qu’il n’y ait pas de révélation à ce sujet et on peut le comprendre, c’est une question de respect. Mais on le saura probablement un jour.
Comment vous êtes-vous connus ?
On s’est rencontrés il y a ou ans à une soirée, pendant la Winter Music Conference de Miami, qui a lieu chaque année en mars et où les meilleurs DJs se retrouvent. Avicii était guest ce soir-là, et il jouait deux de mes remix que j’avais fait pour DJ Laidback Luke notamment. On s’est rencontrés, on a sympathisé. On aimait bien l’un l’autre ce qu’on faisait. Il était un jeune artiste avec déjà un fort potentiel. On s’est revus chez lui à Stockholm, en Suède, on a décidé de faire ensemble un morceau, puis deux, puis trois. On a sorti ces morceaux et un label (), et avec le temps, on est devenus amis. Il est venu séjourner plusieurs fois dans le camping de mon père, le Site de Gorge Vent. On faisait des sessions studio, dans mon studio d’enregistrement, et de là est né fin le fameux gros morceau My Feelings for you, qui m’a fait avec lui parcourir le monde entier et qu’on a joué ensemble
() dans les quatre coins de la planète. De là, notre collaboration a vraiment explosé et on a continué à faire des morceaux ensemble (). De là est née une amitié. Au-delà du business, il y avait aussi l’affectif. On faisait à l’époque de la musique par passion, et peu à peu par amitié.
Vous le trouviez talentueux dès ses débuts ?
Oui, vraiment. J’ai eu la chance, tout au long de ma carrière, de collaborer avec pas mal d’artistes mais lui était vraiment doué, il avait quelque chose de plus que les autres, un don particulier... Il avait cette facilité à produire des mélodies qui restent dans la tête. Il avait un talent à part. En le voyant faire ça, ça paraissait très simple, mais quand on voulait le refaire derrière c’était compliqué à refaire (rires). Je l’appelais le « Mozart des mélodies », comme je le rappelle dans une publication en ce moment pour lui rendre hommage. C’était un génie, pour moi.
Comment était-il dans la vie de tous les jours ?
C’était quelqu’un de discret, mais de très aimé. Le jour de sa disparition, le web était envahi de messages de soutien. Il était d’ailleurs très accessible pour ses fans, on l’a très souvent vu en photo avec tous ses admirateurs. Toujours souriant, certes timide, mais il se prêtait régulièrement au jeu des autographes et n’hésitait jamais à discuter avec tous ceux qui souhaitaient lui parler en le rencontrant. Il faisait de la musique par passion, et non pas par obligation ou nécessité de faire des tubes, lui les faisait naturellement... C’était finalement quelqu’un de simple.
Vous aviez été étonné par son énorme succès soudain ?
Pour être honnête non, ça se sentait dès le début qu’il avait un don. Je sentais qu’il allait connaître la célébrité. Enfin pas à ce point quand même. Au moins un succès ou deux, je voyais bien ça pour lui. Et ça n’a pas manqué ! Il a collaboré avec des grands comme Madonna, David Guetta ou Coldplay, et rempli des stades de plusieurs dizaines de milliers de personnes, c’est fou. Cette disparition nous attriste tous, il est mort si jeune... 1. Even, Big Colossius et Wet groove en 2009. 2. Plus de 50 millions de vues sur Internet. 3. Snus, Tweet it, etc.
Il était venu plusieurs fois dans le camping de mon père, le Site de Gorge Vent, à Fréjus ”