Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Le Grand Bleu a changé ma vie »
Jean-Marc Barr présente à Brignoles, Barjols et Le Cannet un documentaire consacré à Jacques Mayol. Trente ans après la sortie du Grand Bleu, l’acteur revient sur le tournage et l’incroyable succès du film
Rarement un acteur n’aura été autant associé à un personnage. Dans le coeur des Français, Jean-Marc Barr reste celui qui a immortalisé Jacques Mayol. Trois décennies plus tard, l’acteur de 57 ans vient présenter L’Homme dauphin, un film documentaire consacré à l’apnéiste. Rencontre avec un homme discret, trop rare en France.
Le Grand Bleu a trente ans, comment ressentez-vous le film aujourd’hui ?
J’ai moi aussi trente ans de plus ! Je suis content qu’on en parle encore, ça fait chaud au coeur. Je n’ai pas fait d’autre film avec un tel succès.
Qu’a-t-il apporté dans votre vie?
C’est un énorme cadeau qui a complètement changé ma vie. D’inconnu, j’ai été vite très connu et j’ai eu la possibilité de choisir le chemin que je voulais prendre comme artiste et être humain. Cela m’a donné une confiance, une facilité et m’a aussi initié à l’apnée que je pratique encore. J’avais fait un peu de plongée, mais pas comme ça.
Comment rester soi-même face à un tel phénomène ?
J’avais la chance d’habiter en Angleterre où le film n’avait pas marché. J’avais la possibilité de voir les choses à distance. Le film a trouvé ses spectateurs et eu un succès mondial d’un coup. Tu jubiles, tu essayes de garder la tête froide et c’est dur dans une telle situation, mais la distance a été une chance pour ne pas me prendre trop au sérieux. J’ai juste joué ce rôle. C’est les spectateurs qui ont créé ce succès.
Comment avez-vous décroché le rôle ?
Christophe Lambert a décidé de ne pas jouer le rôle juste avant le tournage et Luc Besson cherchait un acteur anglophone, il a fait un grand casting international et m’a choisi comme ça.
Vos souvenirs du tournage ?
Une belle camaraderie ! C’était un tournage de neuf mois et avant ce film je n’avais jamais eu de premier rôle, ni participer plus de quelques jours dans des films. Le côté sportif avec un peu de danger, jouer avec des dauphins dans des endroits magnifiques, je vivais une aventure extraordinaire au meilleur âge. Des anecdotes il y en a tellement que je ne sais où commencer. Il y avait une innocence qui se communiquait dans le film, le plaisir de faire du cinéma ensemble, le soleil et la mer.
Ce film a été un vrai choc lors de sa projection à Cannes ?
Cannes était tout nouveau pour moi, j’en avais entendu parler en Angleterre et aux USA. Il fallait être en ligne sur le tapis rouge, mais à cette époque-là c’était beaucoup plus intime, plus proche du public. J’étais tellement nerveux que j’avais beaucoup bu et je ne pensais qu’à pisser pendant tout le film !
Le public avait vraiment adhéré alors que la critique pasdutout?
Je n’ai pas d’explication, les années étaient une période de changement dans le cinéma français, à travers Beneix et d’autres qui l’emmenaient dans une internationalité. Besson a touché quelque chose avec le monde de Jacques Mayol. Il a fait une fable, un conte qui a parlé au public. Pourtant la vraie histoire de Mayol aurait fait un film complètement différent. Le succès du film a un peu éclipsé l’identité du vrai Jacques Mayol et c’est important de le corriger à travers « L’homme Dauphin ».
Vous n’avez plus tourné avec Besson, quelle est votre famille de cinéma ?
J’ai fait ou films avec Lars Von Trier en anglais et le cinéma que je tourne comme réalisateur est plutôt à l’opposé de Besson. Je suis venu ici à
cause de la nouvelle vague du cinéma européen en contraste avec Hollywood et j’avais envie de participer à un cinéma avec une vision indépendante et provocante. C’est ça qui m’intéresse.
Avec quel réalisateur français aimeriez-vous tourner ?
Le système français est formaté pour la télé. C’est une période difficile pour le cinéma indépendant. Aujourd’hui c’est très difficile de financer ce genre de film. Mais si j’avais un souhait j’aimerais jouer avec Alain Guiraudie (L’inconnu du lac)
Des projets ?
J’ai un film qui sort en juillet « La particule humaine » et un autre film dans l’année « Le grenier », et je jouerai une pièce de Tolstoï « La sonate à Kreutzer » au théâtre de l’Ane à côté de Montpellier et au studio Hébertot à Paris à la rentrée.