Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Pons, de Pompidou à Chirac

- THIERRY PRUDHON

A  ans, Bernard Pons a posé son sac du côté d’Aigues-Mortes. C’est en Camargue qu’il a rédigé Aucun combat n’est jamais perdu, plongée d’un demi-siècle dans les entrailles du gaullisme et du chiraquism­e. En écho à son titre, il y raconte notamment comment, en novembre , il fut avec l’industriel François Pinault l’un des rares à inciter Chirac à ne pas jeter l’éponge, alors qu’un sondage l’annonçait laminé par Balladur à la présidenti­elle. Avec le futur Président, Bernard Pons, maquisard et médecin de campagne passé à la politique par conviction gaulliste, aura sans cesse oscillé entre complicité et engueulade­s. Car il lui a toujours parlé franco. Que ce soit pour le dissuader de laisser Edouard Balladur devenir Premier ministre en , de dissoudre l’Assemblée nationale en , ou de créer l’UMP en , un simple «choix tactique» qui allait sur le long terme, craignait-il alors, mécontente­r les centristes, fragiliser le RPR et renforcer le FN. Au coeur du réacteur, comme secrétaire général du RPR en particulie­r, rien des tirailleme­nts de sa famille ne lui a échappé…

Des doutes sur le suicide de Boulin

Le grand homme de Bernard Pons, on le comprend vite à la lecture de ce livre, n’est pas Jacques Chirac mais Georges Pompidou, à la fois « son ami et son maître », comme le chante Serge Lama. Au rayon de ceux qu’il égratigne figurent à l’inverse en bonne place François Fillon, pour les raisons que l’on sait, et celui dont il se réclamait, Philippe Séguin, « atrabilair­e », « caractérie­l », « qui avait réussi à donner de lui l’image d’un homme de dialogue, ouvert et pondéré. Mon opinion n’était pas la même, je ne le trouvais ni ouvert ni pondéré ». Dans ce récit dense, le grognard du chiraquism­e revient également en détail sur les circonstan­ces de la prise d’otages d’Ouvéa, qui fit vingt et une victimes au printemps  en Nouvelle-Calédonie, alors qu’il était ministre des Dom-Tom. Il rappelle aussi son engagement pour faire passer la loi Veil légalisant l’avortement. Le médecin dit enfin, après avoir longtemps pensé le contraire, ne plus croire au suicide du ministre du Travail Robert Boulin, en , au regard de « lividités cadavériqu­es » qui ne collent pas avec la position dans laquelle il fut retrouvé noyé en forêt de Rambouille­t.

Aucun combat n’est jamais perdu, éditions de L’Archipel, 480 pages, 24 euros.

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