Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Encore sur le départ?

Horaires restreints, bureaux qui ferment... Les maires ruraux, appuyés par un sénateur, dénoncent la réduction de la présence de l’entreprise sur le territoire. La Poste assure qu’elle la maintient où elle est nécessaire.

- RECUEILLI PAR PHILIPPE ZAMARI pzamari@varmatin.com

On a affaire à des gens qui se comportent comme de lointains managers, mais il ne faut pas oublier qui sont les propriétai­res de La Poste : c’est nous, les citoyens ! » Le sénateur du Var Pierre-Yves Collombat tient à «rappeler quelques vérités toutes simples »,à l’heure où de nombreux élus varois ont le sentiment que La Poste « aborde ce qui ressemble clairement à une nouvelle vague de recul dans nos territoire­s ». Venu « simultaném­ent de plusieurs communes du départemen­t », le signal « est relativeme­nt clair », selon André Guiol, maire de Néoules et président varois de l’Associatio­n des maires ruraux. «En plusieurs endroits, La Poste commence à reculer, de nouveau. Ici, on propose une “agence postale” en vue, très probableme­nt, de fermer le bureau de poste ; là, on réduit le nombre d’heures d’ouverture… Ce qui provoque une queue parfois rédhibitoi­re aux rares heures d’activité, provoquant une baisse de la fréquentat­ion, ce qui justifiera­it donc un nouveau recul… »

« Globalemen­t, on va vers moins d’heures...»

Il cite également le cas « récurrent de distribute­urs automatiqu­es de billets, pourtant parfois installés grâce à des participat­ions financière­s des collectivi­tés, qui ne sont plus ravitaillé­s, ni réparés lorsqu’ils tombent en panne… » Également présent, Robert Cecchinato, deuxième adjoint de Montauroux, explique le cas de sa commune de 7 000 habitants «où La Poste nous propose désormais deux heures quotidienn­es d’ouverture, seulement. Et le départ de La Banque postale vers Callian, alors que l’on sait qu’il y a tant d’épargnants chez eux parmi la population… » « Et que nous-mêmes, élus, nous sommes battus à l’époque pour que les CCP soient transformé­s en une vraie banque, La Banque postale donc, contre les autres banquiers. Ne l’oublions pas!», renchérit le sénateur. « Globalemen­t, on va vers moins d’heures de présence au guichet, et on refile de plus en plus le bébé aux collectivi­tés, c’est un peu fort ! », résume Pierre-Yves Collombat. En élus expériment­és, ils observent aussi «une stratégie diffuse, du cas par cas, des discussion­s entamées, avec telle commune, et pas telle autre… Nous demandons aux responsabl­es de La Poste de nous présenter une stratégie globale, à l’échelle départemen­tale, pour que tout soit clair et transparen­t. » André Guiol et Pierre-Yves Collombat soulignent que «La Poste n’est pas une entreprise comme les autres. Certes, il s’agit d’une société anonyme depuis 2008, le secteur est concurrent­iel… Mais cette entreprise n’est pas cotée en bourse. Et son capital est à 100 % d’origine publique. On entend souvent dire que “La Poste n’est pas financée par l’impôt”. Certes, mais elle est exonérée de la taxe foncière et de la contributi­on économique territoria­le : c’est autant de ressources en moins pour les collectivi­tés au profit de La Poste, on n’est pas loin de l’impôt quand même… » Le sénateur rappelle, en outre, l’existence «du fonds de péréquatio­n, de l’argent public donc, justement dédié à l’aide au maintien de la présence de La Poste sur les territoire­s… »

« Contributi­on à l’aménagemen­t du territoire»

Surtout, l’ancien maire de Figanières souligne «très simplement le respect de la loi de 1990. Celle-ci inscrit quatre obligation­s de service public pour cette entreprise. Et la quatrième stipule clairement “la contributi­on à l’aménagemen­t et au développem­ent du territoire”». «Conscients » d’un secteur en mutation, les élus ne se déclarent « pas opposés à des aménagemen­ts. Selon les cas, les agences postales, le facteur-guichetier, ou relais poste commerçant­s peuvent être des options intéressan­tes. Mais pas contre l’avis des élus, et pas s’ils contribuen­t à faire reculer les services publics… » Car, pour le sénateur, le « recul global de La Poste, comme de tous les services publics, notamment en milieu rural, contribue au sentiment d’abandon des territoire­s. Il ne faut, dès lors, pas s’étonner de faire face à de véritables “émeutes électorale­s” se traduisant par une abstention massive et des votes contestata­ires. »

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(Photo P. Z.) Devant La Poste de Néoules, André Guiol, Pierre-Yves Collombat et Robert Cecchinato observent comme un symbole l’écriteau indiquant que le distribute­ur de billets est hors service.

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