Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Encore sur le départ?
Horaires restreints, bureaux qui ferment... Les maires ruraux, appuyés par un sénateur, dénoncent la réduction de la présence de l’entreprise sur le territoire. La Poste assure qu’elle la maintient où elle est nécessaire.
On a affaire à des gens qui se comportent comme de lointains managers, mais il ne faut pas oublier qui sont les propriétaires de La Poste : c’est nous, les citoyens ! » Le sénateur du Var Pierre-Yves Collombat tient à «rappeler quelques vérités toutes simples »,à l’heure où de nombreux élus varois ont le sentiment que La Poste « aborde ce qui ressemble clairement à une nouvelle vague de recul dans nos territoires ». Venu « simultanément de plusieurs communes du département », le signal « est relativement clair », selon André Guiol, maire de Néoules et président varois de l’Association des maires ruraux. «En plusieurs endroits, La Poste commence à reculer, de nouveau. Ici, on propose une “agence postale” en vue, très probablement, de fermer le bureau de poste ; là, on réduit le nombre d’heures d’ouverture… Ce qui provoque une queue parfois rédhibitoire aux rares heures d’activité, provoquant une baisse de la fréquentation, ce qui justifierait donc un nouveau recul… »
« Globalement, on va vers moins d’heures...»
Il cite également le cas « récurrent de distributeurs automatiques de billets, pourtant parfois installés grâce à des participations financières des collectivités, qui ne sont plus ravitaillés, ni réparés lorsqu’ils tombent en panne… » Également présent, Robert Cecchinato, deuxième adjoint de Montauroux, explique le cas de sa commune de 7 000 habitants «où La Poste nous propose désormais deux heures quotidiennes d’ouverture, seulement. Et le départ de La Banque postale vers Callian, alors que l’on sait qu’il y a tant d’épargnants chez eux parmi la population… » « Et que nous-mêmes, élus, nous sommes battus à l’époque pour que les CCP soient transformés en une vraie banque, La Banque postale donc, contre les autres banquiers. Ne l’oublions pas!», renchérit le sénateur. « Globalement, on va vers moins d’heures de présence au guichet, et on refile de plus en plus le bébé aux collectivités, c’est un peu fort ! », résume Pierre-Yves Collombat. En élus expérimentés, ils observent aussi «une stratégie diffuse, du cas par cas, des discussions entamées, avec telle commune, et pas telle autre… Nous demandons aux responsables de La Poste de nous présenter une stratégie globale, à l’échelle départementale, pour que tout soit clair et transparent. » André Guiol et Pierre-Yves Collombat soulignent que «La Poste n’est pas une entreprise comme les autres. Certes, il s’agit d’une société anonyme depuis 2008, le secteur est concurrentiel… Mais cette entreprise n’est pas cotée en bourse. Et son capital est à 100 % d’origine publique. On entend souvent dire que “La Poste n’est pas financée par l’impôt”. Certes, mais elle est exonérée de la taxe foncière et de la contribution économique territoriale : c’est autant de ressources en moins pour les collectivités au profit de La Poste, on n’est pas loin de l’impôt quand même… » Le sénateur rappelle, en outre, l’existence «du fonds de péréquation, de l’argent public donc, justement dédié à l’aide au maintien de la présence de La Poste sur les territoires… »
« Contribution à l’aménagement du territoire»
Surtout, l’ancien maire de Figanières souligne «très simplement le respect de la loi de 1990. Celle-ci inscrit quatre obligations de service public pour cette entreprise. Et la quatrième stipule clairement “la contribution à l’aménagement et au développement du territoire”». «Conscients » d’un secteur en mutation, les élus ne se déclarent « pas opposés à des aménagements. Selon les cas, les agences postales, le facteur-guichetier, ou relais poste commerçants peuvent être des options intéressantes. Mais pas contre l’avis des élus, et pas s’ils contribuent à faire reculer les services publics… » Car, pour le sénateur, le « recul global de La Poste, comme de tous les services publics, notamment en milieu rural, contribue au sentiment d’abandon des territoires. Il ne faut, dès lors, pas s’étonner de faire face à de véritables “émeutes électorales” se traduisant par une abstention massive et des votes contestataires. »