Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une marche solidaire jusqu’à Calais sur les pas des migrants
Lundi à Vintimille, une cinquantaine de personnes ont pris le départ d’une marche symbolique qui reliera l’Italie à l’Angleterre en deux mois. Comme les migrants cherchant refuge en Europe...
Le top départ de la marche solidaire a été donné à Vintimille, ce lundi 30 avril. Même si, d’un point de vue pratique, la cinquantaine de participants s’élancera quelques kilomètres plus loin, à Airole, d’où part un sentier valléen. Question de symbole. C’est en effet à Vintimille que tout commence pour les migrants cherchant refuge en Europe. C’est à Vintimille qu’ils se retrouvent depuis que la France a durci les contrôles aux frontières, fin 2015. Et qu’ils retournent quand leur tentative de passer échoue. Sauf pour 17 d’entre eux, morts, depuis cette même année 2015, alors qu’ils essayaient de franchir cette ligne franco-italienne par la route, le rail ou la montagne. C’est à Vintimille, aussi, qu’un camp de la Croix-Rouge les accueille. Qu’une église – celle de Sant’Antonio – les hébergeait auparavant. C’est à Vintimille, enfin, que les associations d’aide aux réfugiés organisent quotidiennement des maraudes.
« Refugee, I’m a refugee »
Mais ce jour-là, les rôles sont inversés. Et à l’initiative de l’association calaisienne l’Auberge des Migrants, ce sont les associatifs (en grande majorité) et des citoyens qui se mettent en marche. Pour Breil, dans un premier temps. Réglant leur pas sur celui des migrants qui tentent de rallier l’Angleterre. « Il se passe ici la même chose qu’à Calais. Sauf qu’à Vintimille, on leur interdit d’entrer en France. Et à Calais, d’en sortir», commente Maya Konforti, de l’Auberge des Migrants. Celle-ci souligne que la marche aura vocation à joindre les deux frontières, en un peu plus de deux mois. À «sensibiliser la population de manière joyeuse, enthousiaste ». Tout en faisant connaître les actions des citoyens solidaires à travers la France. « La vraie question à poser, c’est celle de l’humanité, embraie l’évêque de Vintimille, Mgr Suetta. Le phénomène migratoire ne peut être compris qu’à travers cette notion. Et c’est sur ce critère que nous devons construire notre civilisation. » À quelques mètres de la petite tribune faite de palettes, des migrants jouent au ballon, après avoir soigneusement enlevé le linge qui séchait sur la minuscule cage de foot. D’autres se sont approchés pour écouter ce qu’il se dit. Sans commentaire. D’autres, encore, se mettent à danser quand HK (sans ses Saltimbanks) chante « Refugee ». « Sommes-nous les seuls, sommes-nous les premiers/Sommes-nous les seuls, serons-nous les derniers/Refugee, I’m a refugee… » Une chanson de circonstance que reprend l’un des hommes bloqués à Vintimille, hilare. Prélude au concert caritatif de Cali donné hier soir sous le chapiteau de Breil, avant que la marche ne reprenne aujourd’hui pour
Sospel. Puis pour Nice et l’ouest du département les prochains jours. Et s’il était une autre parole à mettre en chanson, ce serait assurément cette recommandation d’un membre de Roya citoyenne aux marcheurs : « Un pied devant l’autre et droit devant. Et surtout, droit dans ses bottes ! »