Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Le Chantier, c’est un tour de force »
Franck Tenaille, programmateur des Joutes de Printemps et fondateur du réseau de musique du monde Zone franche.
Sur quoi reposent vos choix de programmation ?
En filigrane, le thème de cette édition, c’est les musiques de la Terre. Quand je pense à la Terre, je pense à l’Amazonie, à l’Artique sibérien, je pense au chant diphonique. Contrairement aux autres festivals, nous ne travaillons pas sur catalogue. Nous ne choisissons pas parmi une sélection d’artistes que l’on nous propose. Il y a une démarche de défrichage, d’accompagnement et de création. Le Chantier de Correns est le seul lieu de création de musique du monde, le seul. Une partie des artistes présents sur le festival a été en résidence chez nous. Le festival est en fait la vitrine du Chantier. Du reste, nous bénéficions d’un réseau professionnel qui nous permet de découvrir des artistes. En termes de programmation, on essaie d’innover. La musique que l’on propose aux Joutes raconte des choses sur le rapport à la nature, le cosmos, sur la façon dont les peuples du monde se positionnent par rapport à la nature. La musique du monde, c’est une véritable source d’imaginaire.
Quel est votre rapport aux musiques du monde ?
La richesse des musiques du monde est énorme. En fait, ce qu’on appelle la musique du monde, c’est ce qu’écoutent % des gens sur la planète.
Quelles sont les difficultés qui touchent votre festival plus qu’un autre ?
Nous faisons venir des artistes des quatre coins de la planète. Il y a tout ce qui concerne les visas, c’est des problèmes. Avec le réseau Zone Franche, on est habitué à gérer ça. Par exemple, si on monte une tournée avec un groupe et que ses musiciens n’ont qu’un visa touriste, ça ne va pas le faire. Et même si on a les papiers c’est compliqué. C’est ce qui freine beaucoup la prise de risque. Pour ce festival, on voulait faire venir un shaman d’Ukraine, mais à cause de la guerre civile, il n’a pas pu. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire, mais on est une petite structure. Il nous faudrait du budget et du personnel. Le Chantier, c’est un tour de force au quotidien. C’est un miracle. On ne sait pas si le territoire se rend bien compte de notre action. Quand on nous donne euro, on en fait euros ! Quand vous avez quelque chose de précieux dans votre région, il faut le protéger comme la prunelle de ses yeux.