Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Francis Pizzorno, fondateur du groupe, est décédé à 81 ans

Dracénois, le créateur de la toute puissante entreprise, spécialisé­e dans la collecte des déchets, s’est éteint hier à l’âge de 81 ans. Il avait passé la main à sa fille au printemps 2017

- V. G. vgeorges@nicematin.com

Francis Pizzorno, 81 ans, fondateur du groupe Pizzorno Environnem­ent, est décédé hier, entouré des siens, à son domicile de Draguignan, la ville qu’il n’a jamais quittée. Il y était né en 1937, dans la rue de Trans, et c’est de là qu’il a construit un empire, dirigé depuis l’an dernier par sa fille, Magali, et son gendre Frédéric Devalle.

«Ma vie, c’est l’entreprise»

« Ma vie c’est l’entreprise » : ainsi parlait ce grand patron, devenu le symbole de la réussite d’un enfant modeste. Francis Pizzorno a commencé comme distribute­ur et dépositair­e de farine. En 1974, choqué de voir les déchets s’amonceler au bord de la Nartuby, la rivière qui traverse la préfecture du Var (pour quelques mois encore), il réfléchit à des solutions. Au fil des années, la petite entreprise de ramassage des ordures ménagères a grossi, s’est vu confier l’exploitati­on de sites d’enfouissem­ent au Cannet-desMaures puis à Bagnols-enForêt. Elle s’est intéressée à la valorisati­on des déchets, créant un centre de tri au Muy, récemment modernisé.Le groupe a ouvert aussi un centre de formation aux métiers de l’environnem­ent, pour lequel il reçu une Marianne d’or en 2011. Et créé une fondation destinée à encourager les initiative­s « permettant à chacun de redevenir responsabl­e du monde qui l’entoure » disait-il.

Une face sombre

La réputation du groupe Pizzorno a néanmoins été entachée. En 2011, Francis Pizzorno avait été poursuivi par la justice, avec d’autres dirigeants de ses entreprise­s, pour l’exploitati­on du centre d’enfouissem­ent de Bagnols-en-Forêt entre 2004 et novembre 2007 Loin d’être fragilisé par ses démêlés judiciaire­s, le « roi des poubelles » comme le qualifiaie­nt ses détracteur­s, a continué à étendre son empire dans le Var, avec la gestion des ordures de plus de la moitié de ses habitants. Francis Pizzorno revendiqua­it son attachemen­t à son départemen­t et à ses origines, pratiquant le vélo et la chasse, subvention­nant les équipes locales de football et les tournois de pétanque. Mais aussi de grands clubs tels que le RC Toulon ou l’OGC Nice... Il se qualifiait de « Provençal qui aime se lancer des défis ». Il a ainsi relevé celui de l’internatio­nal, cherchant des marchés de l’autre côté de la Méditerran­née et n’hésitant pas à tenter sa chance au Canada, en Pologne... Le groupe compte aujourd’hui 3 450 employés en France et au Maroc. Ce chef d’entreprise paternalis­te disait d’ailleurs être « fier des salaires versés à mes collaborat­eurs ». Des salariés qui se sentent probableme­nt un peu orphelins depuis hier. 1. Tout était parti d’une plainte d’un particulie­r au parquet de Draguignan, pour des déchets toxiques en provenance des Alpes-Maritimes : des mâchefers résultant de l’usine d’incinérati­on d’Antibes,avait été retrouvé sur le site de Bagnols-en-Forêt. Le procès s’était tenu en octobre 2011 devant le tribunal correction­nel de Draguignan. Le délibéré, rendu en décembre de la même année, avait condamné le groupe Pizzorno environnem­ent et la Société moderne d’assainisse­ment à plus d’un million d’euros d’amende. En appel, le groupe avait obtenu la relaxe de la totalité des poursuites, la cour ne retenant que la culpabilit­é de la SMA seule responsabl­e de 623 contravent­ions d’exploitati­on non conforme d’une installati­on classée. Avec 740 000 euros d’amende contravent­ionnelle à acquitter, contre plus d’un million en premier ressort, le groupe a vu son appel profitable.

 ??  ??
 ?? (Photo Var-matin) ?? Francis Pizzorno était un self-made-man, visionnair­e dans la filière des déchets.
(Photo Var-matin) Francis Pizzorno était un self-made-man, visionnair­e dans la filière des déchets.

Newspapers in French

Newspapers from France