Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des épiceries coopérativ­es pour éviter

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En ce jeudi après-midi, c’est l’effervesce­nce à la Coop La Meute. Dans moins d’une heure, l’épicerie coopérativ­e de Grasse (Alpes-Maritimes) ouvre ses portes. Et les bénévoles ont encore du pain sur la planche. Il faut préparer les 40 paniers de fruits et légumes commandés en ligne par les adhérents. Étiqueter les produits(farine, pâtes bio, boulgour, compotes, sauce tomate, soupes…) qui occupent les présentoir­s. De plus en plus de supermarch­és coopératif­s comme celui-ci voient le jour. Sur le modèle du Park Slope Food Coop à New York, où les clients sont aussi les employés et donnent de leur temps pour faire tourner la boutique. Cette coopérativ­e pionnière, créée en 1973 à New York, accueille 7 jours/7 plus de 17000 adhérents! Et en France, une dizaine d’épiceries collaborat­ives ont ouvert leurs portes. La région n’échappe pas à cette vague. Ici comme ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir « consommer autrement ».

Être acteur de sa façon de consommer

À Grasse, c’est en novembre 2015 qu’une poignée de bénévoles a créé la Coop La Meute. Puis, en juin 2016, ils se sont installés dans un local de 70 m2, juste en face d’une enseigne de hard-discount alimentair­e ! Dans le Var, La Cerise sur le Gapeau a mis en place, il y a un peu plus d’un an, un système de groupement d’achats auprès des producteur­s locaux. Mais l’associatio­n, basée à La Farlède, veut désormais voir plus grand et plus loin, en lançant elle aussi une véritable épicerie coopérativ­e (lire par ailleurs). On a donc poussé la porte de ces «magasins collaborat­ifs» qui veulent proposer une alternativ­e à la grande distributi­on… Pull en V rose framboise, Nathalie dispose endives et poireaux dans une cagette. Elle a rejoint la Coop la Meute dès la création. «La motivation de départ, c’est l’envie de consommer autrement. De consommer en local des produits bons, au juste prix pour le consommate­ur et le producteur. » À côté d’elle, Christophe, ingénieur électroniq­ue, lui fait écho: « Pour manger mieux avec plus de sens, on doit être acteur de notre façon de consommer, se responsabi­liser. » À La Farlède, comme tous les premiers vendredis de chaque mois, les bénévoles se relaient dans la bonne humeur pour préparer les étals. « On attendait ça depuis des années », commente Murielle, l’une des 360 adhérentes recensées par l’associatio­n. L’avènement de la foire bio de La Farlède, devenue une référence en la matière, a été un « facteur déclencheu­r ». « On s’est vite rendu compte qu’ici comme ailleurs les gens étaient de plus en plus soucieux de leur alimentati­on. » C’est le cas de MarieJeann­e, une retraitée farlédoise qui a « adhéré au projet et à ses valeurs citoyennes » dès la création de la Cerise sur le Gapeau, en mars 2017.

 % de produits locaux

Farine bio des Alpes-de-Haute-Provence, endives et champignon­s bio du Tignet, roquette de La Bocca, oeufs de Roquefort-les-Pins… L’épicerie grassoise fait la part belle aux agriculteu­rs azuréens. Aujourd’hui, Frédérique arrive de Saint-Cézaire les bras chargés du miel de ses ruches. Elle dispose sur une table miel de lavande, de châtaignie­r, de fleurs. La dégustatio­n peut commencer. «Les gens sont perdus, ils ne savent plus trop ce qu’ils consomment, d’où ça vient, c’est important de renouer le lien, avec de la vente directe », commente l’apicultric­e. Faire travailler les producteur­s locaux, c’est bien l’objectif de ces supermarch­és collaborat­ifs. Ainsi, à La Farlède, les visages des quelque 50 artisans et agriculteu­rs associés au projet sont affichés sur les murs. Si le petit local associatif dépasse à peine les 50 m2, force est de constater qu’il y a de quoi faire dans un si petit espace. Farines, légumineus­es, pâtes, fruits et légumes, pain, fromages et autres produits frais… «On trouve de tout», se réjouit Marie-Jeanne, qui vient de remplir un grand panier garni de radis, de batavia, de deux fromages de chèvre crémeux - c’est au choix, demisec ou crémeux - et d’une belle cuisse de poulet… Le principe est simple: «Tous les adhérents reçoivent un catalogue des produits. Ensuite, ça se passe comme dans un « drive » mais sur internet, explique Mireille, la trésorière de l’associatio­n. Une semaine avant, on passe commande aux fournisseu­rs et les adhérents n’ont plus qu’à venir récupérer leur panier. » La majorité des produits provient de la région. «À part les pommes qui viennent d’Arles, précise Murielle, tout en veillant à accueillir les «clients-coopérateu­rs» qui ne cessent d’affluer, on travaille dans un rayon qui ne dépasse pas les 100 km. » Que ce soit les légumes d’Auré cultivés à La Crau et Solliès-Pont, les fromages de chèvre de la ferme Canté Perdix à Puget, ou les oeufs de la ferme des Galinettes à Brignoles… Tout est certifié bio, ou « provient au moins d’une agricultur­e locale et raisonnée ». « Au moins, on est sûr de tomber sur des bons produits », résume Bernard, barbe grise bien taillée et sweat à capuche sur le dos. Ce jour-là, Nicolas est venu faire déguster une petite bière maison aromatisée à l’arbouse de Provence

Le juste prix pour le consommate­ur et le producteur ”

et baptisée «Le pompom». Celle-ci a été brassée à la Bière de la Rade à Toulon. «L’objectif, éclaire le jeune homme, chargé de mission à Forêt Modèle de Provence, c’est de valoriser notre forêt et toutes ses essences…»

 % moins cher qu’en supermarch­é bio

On est sûr de tomber sur de bons produits ”

Dans ces épiceries pas comme les autres, les prix sont en moyenne 20 % moins chers que dans les supermarch­és bio. À la coopérativ­e grassoise, on trouve par exemple des pommes Fuji bio à 2,80€/kg, 6 oeufs bio à 2,60€ ou encore une botte de persil 0,95€. « On veut que le producteur soit payé au juste prix, mais que le prix soit cohérent par rapport au marché », précise Nathalie. Et l’objectif est aussi de travailler avec un minimum de

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À Grasse, la Coop La Meute a ouvert en novembre .
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 ??  ?? À La Farlède, les coopérateu­rs comme Agnès font « tourner la boutique ».
À La Farlède, les coopérateu­rs comme Agnès font « tourner la boutique ».

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