Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pas de logique de compétition ni de performance
C’est à la société azuréenne de coaching sportif WTS (Wiroth Training Solutions), fondée et dirigée Jean-Baptiste Wiroth et son épouse Emmanuelle que le CSAPA Odyssée a confié l’organisation des séances d’activité physique adaptée pour les patients suivis dans ce centre. Interview croisée de Vincent Laroche, psychologue et coordonnateur de l’équipe de soins au Csapa, Olivier Laroche, médecin au Csapa et Jean-Baptiste Wiroth.
Pourquoi l’activité physique adaptée (APA) ?
On est parti de ce qui n’allait pas chez les patients souffrant d’addiction, soit des carences sociales et un déconditionnement qui amène un jour à ne plus rien faire. L’APA permet d’inverser le processus. On casse la dynamique autant sur le plan physique que psychique et on les aide à rentrer dans une spirale plus vertueuse.
Quels sont les types d’activité physique proposés ?
Le contenu est très varié ; on alterne du cardio (marche, course…) et du renforcement musculaire. On travaille aussi sur la coordination (jeux de balle…) et la proprioception (perception de la position des différentes parties du corps) qui pèche beaucoup chez ces patients. Mais, il faut que ça aille vite, qu’ils ne s’ennuient pas.
Toutes les personnes souffrant d’addiction peuvent-elles participer à ce type de séance ?
Non. Les participants sont tous en période de sevrage ; ils sont stabilisés par rapport à leurs addictions, quelles qu’elles soient : alcool, cannabis, tabac, jeux, troubles alimentaires…
Existe-t-il des contreindications médicales à la pratique d’APA ?
Il n’y a aucune contreindication absolue. Le coach sportif est simplement informé des contraintes que posent les pathologies et en tient compte. Par contre, il va de soi qu’il est exclu de suivre ces séances si on a consommé un produit.
Un écueil majeur à éviter ?
Les personnes qui souffrent d’addiction ont une très mauvaise estime de soi ; du fait de leurs troubles narcissiques, ils ne sentent souvent pas capables de faire du sport. On leur montre que c’est possible, tout en étant attentif à exclure toute notion de compétition, de performance.
Ces séances ont-elles un impact sur la pathologie addictive elle-même ?
Il apparaît que les patients consomment moins de médicaments et de substances pyschoactives. On sait que la veille de la séance ils sont particulièrement attentifs à ce qu’ils mangent, à leur sommeil… Ils se couchent plus tôt, prennent un meilleur petit-déjeuner pour pouvoir suivre la séance.
Le programme ne comprend qu’une séance d’APA par semaine. Ne faudrait-il pas en augmenter le nombre ?
Oui, mais nous manquons de financements pour cela. Dans la pratique, l’idée est aussi d’inciter à la pratique personnelle et autonome, en dehors du CSAPA. Ce n’est pas simple, du fait des problèmes de confiance en soi et d’aptitudes sociales.