Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les grands-parents, des repères, pas des pépères ! Psycho

Qu’on les surnomme Papi, Mémé ou Mamita, les aînés jouent un rôle primordial au sein de la famille : tantôt soutiens, tantôt refuges, tantôt passeurs de mémoire ou confidents...

- PROPOS RECUEILLIS PAR AXELLE TRUQUET

Des cousins qui se retrouvent pour passer du temps chez les grands-parents, pendant les vacances scolaires : une habitude, presqu’une routine, courante dans de nombreuses familles. Alia, 35 ans, se souvient émue de «la douceur de la peau de [sa] grandmère, surtout de ses mains. Quand elle me caressait le visage, je piquais du nez en deux secondes, même lorsque j’étais devenue adulte!» Certains rituels, certaines sensations sont autant de Madeleine de Proust qui montrent l’importance que prennent les relations entre petits-enfants et aïeux. Pour autant, les choses ont changé au fil du temps car les familles évoluent, toutes génération­s confondues. Béatrice Copper-Royer, psychologu­e clinicienn­e et psychothér­apeute, est la grandmère de 6 bambins – 3 filles et 3 garçons. Un septième va prochainem­ent arriver. Audelà de son expérience personnell­e, ce sont les nombreux patients qu’elle reçoit qui l’ont conduite à se pencher sur le sujet dans le livre Grands-parents, le maillon fort paru aux éditions Albin Michel. Rencontre.

Pourquoi avez-vous souhaité aborder ce thème ?

En consultati­on, les enfants parlent beaucoup de leurs grands-parents. Ils constituen­t des soutiens pour les familles, notamment dans les moments de tourmente, lors d’une séparation, d’un décès. Et, j’ai moi-même, en devenant grand-mère, découvert un lien qui s’est avéré être particulie­r, riche et intéressan­t.

Les grands-parents communique­nt-ils différemme­nt avec les plus jeunes ?

Oui, et c’est très important. Les ados d’aujourd’hui ont une communicat­ion compulsive entre eux, assez normative, qui passe par les smartphone­s, les réseaux sociaux. Il est primordial qu’il y ait des adultes référents qui fassent contrepoid­s. Beaucoup de jeunes disent qu’il leur semble plus facile de parler à leurs grands-parents qu’à leurs parents. Leur rôle est d’autant plus central que la communicat­ion intrafamil­iale fond comme peau de chagrin, parents et enfants étant souvent sur leurs écrans.

Quel rôle jouent ces aînés dans la transmissi­on de l’histoire ?

C’est justement eux qui vont raconter l’histoire à la fois personnell­e, familiale, et la grande histoire, dont ils ont été témoins. Par exemple, les petitsenfa­nts aiment savoir comment leurs aïeux ont vécu des événements tels que Mai-. Cette transmissi­on rend l’histoire vivante.

Dans votre livre, vous évoquez un homme qui n’a jamais voulu – ou pu – parler de la guerre à son fils. Il y avait un tabou. Et il a pu être levé par les petitsenfa­nts.

Oui. Parce qu’avec le recul du temps, l’expérience de la vie, une certaine pudeur a pu tomber. Et les petits-enfants peuvent se montrer plus directs, ils osent poser des questions. Il ne faut pas que les parents cherchent à les en empêcher, pour protéger les aînés. Car de toute façon, s’ils ne veulent pas répondre, ils ne le feront pas.

Les enfants sont toujours aussi friands d’entendre des anecdotes sur leurs parents ?

Ils adorent ça ! Vers l’âge de  -  ans, ils aiment que leurs grands-parents leur racontent les bêtises que faisaient papa ou maman au même âge. C’est salutaire parce que ça montre par exemple que leur père, qu’ils voient comme un géant indestruct­ible, a lui aussi été un petit garçon. Ca les aide à comprendre que personne n’est parfait, qu’on peut se tromper, commettre des erreurs. Et surtout, ça les amuse énormément !

Les grands-parents d’aujourd’hui sont bien différents de ceux d’avant...

La société, la famille ont évolué, eux aussi. Ces « nouveaux » grandspare­nts ont pu se séparer, refaire leur vie, ils sont encore très actifs. Il n’y a pas UN type de grands-parents, mais une multitude. Certains sont plutôt classiques, d’autres perçus comme très modernes. On voit de tout. On n’est plus en présence de l’espèce de bloc institutio­nnel qu’ils représenta­ient auparavant.

Sur quels sujets des tensions peuvent-elles

survenir entre parents et grands-parents ?

Sur l’éducation ! Et c’est assez fréquent. Toutefois, pour éviter les disputes, il faut en parler afin que chacun comprenne la position de l’autre. Si les règles sont plus strictes ou simplement différente­s chez les grandspare­nts, les enfants sauront le comprendre et le respecter.

Certains grandspare­nts confient avoir un attachemen­t particulie­r à l’un des petits enfants. Est-ce problémati­que?

Il est normal d’avoir des affinités. Mais attention, il faut se garder d’exprimer une préférence car cela peut être difficilem­ent vécu par le reste de la fratrie ou les cousins et susciter de la jalousie. Parfois, c’est l’enfant qui investit un grand-parent plus que les autres, qui lui exprime un attachemen­t particulie­r. Tant que personne n’en souffre, il n’y a pas de problème.

Les enfants aiment entendre les bêtises des parents Béatrice Copper-Royer Psychothér­apeute

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(Photos © Alexis Réau et Ax.T.) Les grands-parents sont souvent le pilier de la famille.
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 ??  ?? « Grands-parents, le maillon fort ». De Béatrice Copper-Royer et Marie Guyot. Ed.Albin Michel.  p. ,
« Grands-parents, le maillon fort ». De Béatrice Copper-Royer et Marie Guyot. Ed.Albin Michel.  p. ,

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