Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un « terrain d’échange » pour la planète
Carcès Leur champ à l’entrée du village est devenu un lieu d’expérimentation et de partage. Les deux frangins participent au « Projet pour la planète » du ministère de la transition écologique
Juste avant la zone industrielle qui précède le village de Carcès, une voiture ralentit et dépasse un tas de compost noir, puis se gare à côté d’un cabanon. Guilhem et François-Xavier sortent et rejoignent Isabelle. Elle a adhéré à l’association Maison Patoulatchie et vient une fois par semaine planter des légumes. Ce terrain leur est prêté, c’est ici qu’ils s’adonnent à leur passion : la mise en oeuvre de techniques agricoles durables. S’ils produisent différemment, ils restent cependant à l’écoute et reçoivent régulièrement des paysans et des professionnels pour apprendre et échanger.
« Prendre pour retransmettre »
Guilhem Patoulatchie, 25 ans, explique. « Notre truc, c’est l’échange. On veut montrer les bons gestes aux particuliers et on partage des connaissances avec les professionnels. On apprend autant des autres que ce qu’on apprend aux gens. On veut prendre pour retransmettre. » Son frère et lui ont travaillé plusieurs années pour des domaines viticoles. Ils ont ensuite suivi une formation au lycée agricole. « Ici, c’est un champ expérimental, poursuit Guilhem. On essaye des techniques, on vend nos produits, on accueille le public et les membres de l’association. »
Retour aux sources
Les deux frères appliquent des techniques d’agroécologie et de permaculture, travaillent avec du fumier, du compost, font des buttes et n’utilisent pas de
produits chimiques. Ils restent cependant à l’écoute des autres agriculteurs. « Ils savent qu’on ne critique aucun système ,explique le cadet. Ils font ce qui était normal à l’époque. Ce qui est marrant, c’est quand un vieux paysan nous raconte des techniques qu’appliquaient ses parents, et qu’on s’en inspire. Il y a un retour aux sources. » D’une manière générale, assure-til, les clients et les agriculteurs sont heureux de voir deux jeunes « retourner à la terre ».
Des projets variés
« Moi, ce qui me passionne, c’est l’agronomie » déclare François-Xavier Patoulatchie, 27 ans. Sa formation au lycée agricole lui a « donné les clés pour comprendre », même s’il n’applique pas les techniques de production conventionnelles. Les frères veulent développer les activités de l’association. « On veut s’orienter vers ce qui nous tient à coeur, c’est-à-dire la protection des forêts et des eaux. Il y a un gros travail de prévention à faire. »Enplus d’organiser trois événements annuels, l’association Maison Patoulatchie s’occupe d’animer des activités ponctuelles, notamment des ateliers sur leur terrain. Guilhem et François-Xavier ont aussi répondu présent pour organiser la Fête du coing de Cotignac. Les deux hommes ont postulé à l’appel d’offres « Projet pour la planète » lancé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, et ont été sélectionnés. S’ils récoltent assez de votes dans le délai imparti (jusqu’au 11 mai), ils pourront bénéficier d’un soutien financier et d’une certaine visibilité. Des projets plein la tête, ils sont aussi en relation avec la mairie de Cotignac. « La municipalité veut s’engager à servir un repas bio et local par semaine dans les cantines et à la maison de retraite » se réjouit Guilhem, qui leur vendra les légumes de son champ.
Il y a un retour aux sources ”