Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« SI ON M’AVAIT DIT QU’UN JOUR JE JOUERAIS BOB DYLAN... »
Nous avions rencontré Cate Blanchett lors de la sortie de Blue Jasmine de Woody Allen, pour lequel elle a reçu l’Oscar de la meilleure actrice. Elle nous avait parlé de son travail... Woody Allen dit que travailler avec vous, c’est simple : « Vous l’engagez et vous vous écartez de son chemin. »
Ça se passe réellement comme ça ? Presque. Un tournage avec Woody Allen, c’est assez intéressant. Tout se fait l’air de rien. Il n’y a dans son travail aucune complication, aucune prétention. Il ne s’attache pas aux détails... Pourtant, le rôle de Jasmine est particulièrement complexe… La complexité ne me fait pas peur. Plus c’est complexe, plus il y a de matière à jouer. Ce qui était particulièrement intéressant ici, c’était l’état dans lequel gît cette femme qui est dans une romantisation et dans un fantasme permanent dans sa vie. Son rapport au réel est très furtif, elle est dans la fabrication d’une image d’elle-même et elle se donne un mal de chien pour coller à cette image. C’était passionnant à jouer. Une actrice à succès comme vous peut-elle aussi avoir des difficultés à rester connectée à la réalité? Tous, nous flirtons avec le fantasme en permanence. Ce n’est pas seulement le cas des actrices… En ce qui me concerne, je vous rassure, j’ai une vraie vie: des enfants à élever, un travail au théâtre… Comment vivez-vous les nombreux hommages qui vous sont rendus ? Je suis ravie. Je pense d’ailleurs qu’il faudrait me rendre hommage tous les ans !
[Rires]. Non, sérieusement, après plusieurs années consacrées au théâtre, c’est rassurant et agréable de se dire qu’il y a une carrière cinématographique à laquelle je peux revenir et sur laquelle je peux me retourner. Je suppose que j’ai atteint un âge raisonnablement avancé pour autoriser ce genre de choses. Je n’en reviens pas moimême d’avoir fait des rôles si différents avec des réalisateurs si prestigieux. Si on m’avait dit qu’un jour je jouerais Bob Dylan... [Rires].