Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Globalement positif»
Au terme d’une phase régulière satisfaisante malgré un bilan contrasté, les Toulonnais se sont offert le droit de prendre part au « printemps du rugby » avec une faim de loup
Les Toulonnais ont fini en roue libre cette interminable phase de qualification. Les Rouge et Noir finissent à la quatrième place. Allez savoir si elle n’est pas idéale pour aller au bout ? Cette formation toulonnaise n’est pas à un paradoxe près. « À Toulon, tout est différent » répète-t-on à l’envi. À y regarder de plus près, force est de constater que cette équipe varoise est, pour le moins, atypique. Au nombre de victoires (14 au total), les hommes de Fabien Galthié se classent à une modeste septième place, ex-aequo avec La Rochelle, avec quatre et trois victoires de moins que les demi-finalistes (Racing et Montpellier). C’est sur le nombre de bonus -17 au total dont 9 offensifs et 8 défensifs – que le RCT fait une différence notable avec ses principaux concurrents. Au sujet des victoires bonifiées, seul le leader montpelliérain a fait mieux avec 12 points.
Cascade de bonus
En revanche, sur le plan des bonifications défensives, Guirado et ses pairs écrasent la concurrence. Castres, second de ce classement est avec 5 « défensifs » à trois longueurs. Et dans le trio de tête, les Montpellierains ne comptent dans ce registre précis qu’un seul point, les Franciliens 3 et les Toulousains 4. Si les défaites souvent frustrantes, concédées de justesse contre Bordeaux-Bègles, Agen, Brive, Oyonnax, Castres, Racing, Clermont… avaient de quoi laisser des regrets, ces points grappillés au fil des semaines ont finalement fait une sacrée différence. Dans le classement à domicile, le RCT battu une seule fois par le Racing 92, termine avec 56 points deuxième à sept longueurs des hommes du président Altrad (63). A contrario, avec seulement deux victoires à l’extérieur (Stade Français et La Rochelle), et un total de 17 points glanés, le RCT ne se retrouve qu’en septième position à égalité avec les Rochelais, à sept longueurs derrière la Section Paloise (24) qui finit huitième et à 11 points des finalistes de la coupe d’Europe, meilleurs voyageurs du championnat avec 28 points. Chris Ashton, meilleur marqueur d’essais du Top 14 et nouveau recordman sur une saison (23 essais à ce jour) et ses partenaires peuvent s’honorer d’être la meilleure attaque (766 points) avec quelques longueurs d’avance sur le MHR (752), loin devant Toulouse (719), troisième.
La meilleure place ?
En finissant quatrième, Toulon n’est-il pas finalement positionné à la meilleure des places ? En effet, après avoir été éliminés prématurément en Champions Cup par un Munster qui n’avait pourtant rien d’impressionnant (Le Racing l’a prouvé en demie), les Rouge et Noir ont vu, bien malgré eux, leur calendrier s’alléger. Montpellier directement qualifié pour la demi-finale ne va d’ailleurs plus connaître la compétition avant 27 du mois. Une «éternité» de trois semaines. Les hommes de Vern Cotter après leur défaite sur le fil à Lyon, samedi dernier, « bénéficient » donc désormais de 20 jours sans match. Faute de rythme, cette coupure ne sera-t-elle pas préjudiciable à leur rendement ? Toulon qui retrouvera pour les barrages la bande à Mignoni, pourrait le vérifier si ce quart tournait en sa faveur. Le staff toulonnais aurait certes probablement préféré rencontrer pour ce premier match éliminatoire les Castrais lourdement défait à Mayol (59-13) fin avril. Christophe Urios, leur manager avouait au soir de la déculottée, espérer d’ailleurs ne pas remettre les pieds dans le Var pour tenter d’arracher un ticket pour les demies. Affronter le Racing 92 une semaine après leur finale à Bilbao contre le Leinster aurait peut-être été également un atout? Le vainqueur de Toulouse Castres pourra le vérifier. Mais quoi qu’il en soit, les Rouge et Noir veulent soulever le Bouclier. Pour atteindre leur objectif, ils n’ont d’autres choix que de battre tous leurs adversaires. Alors finalement, qu’importe l’ordre dans lequel ils se présentent. On l’a vu tout au long de la phase régulière ; le principal adversaire du RCT est Toulon lui-même. Cette réalité n’est pas nouvelle, elle ne date pas de cette saison. Voilà pourquoi, il appartient à Bastareaud et son groupe de se préoccuper avant tout d’eux-mêmes dans cette course à obstacles… Il n’en reste plus que trois gros morceaux à avaler. Sevrés de titres depuis trois ans, les Toulonnais ont une faim de loup. Écarter le LOU pourrait les mettre en appétit… Ils sont déjà sur les dents.