Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Toulon La rivalité éternelle avec le Sporting
« Comment peut-on être Toulonnais et supporter de l’OM ? C’est inconcevable ! lâche Célestin, dit “Tintin” qui ne regardera le match que s’il apprend que l’OM est mené au score. J’irai faire le beau dans le bar de mon village ». « Moi, je cherche un maillot de l’Atlético ! », balance Alain. Ces deux quadragénaires ont connu les grandes heures du Sporting quand il était l’un des rivaux les plus revêches du grand OM, marchand de rêve européen et de Tapie. Au sein du groupe de supporters Les Rastas du Bronx, le plus tonique de la fin des années 1980 puis 1990.
« On les appelait les doryphores »
Pour ces deux Ultras historiques, la rivalité avec le club phocéen a des racines profondes. « Ça date d’avant-guerre et de Raimu, assure “Tintin”. Les Marseillais, on les appelait les doryphores. On s’embrouille à la pêche et dans la colline parce qu’ils nous prennent nos poissons et nos champignons. L’été, ils sont sur nos plages parce qu’ils n’en ont pas. Ce sont des envahisseurs. Quand petits, on allait au stade de Bon Rencontre, on a toujours entendu “Marseillais, enc... !” C’est resté. » C’est sur ce terreau fertile qu’ont poussé des derbys bouillants entrés dans la légende du football local. Quand l’OM venait jouer chez son voisin varois, les Marseillais étaient des cibles. « On les attrapait, on les déshabillait ou on les jetait dans le port ! », se souvient “Tintin”. Il n’était pas rare également que les propriétaires de voitures immatriculées “13” garées à Toulon aient les quatre pneus à changer les lendemains de match... Ça, c’est les anecdotes soft. À une époque où les téléphones portables n’avaient pas encore germé dans quelque esprit, les groupes de supporters rivaux se cherchaient et se trouvaient. À la gare, sur le port, sur des places.
L’art de la bagarre
« Il y a eu de belles rivalités », sourit “Tintin”. « En général, on se battait à mains nues, les chaises et les parasols volaient », abonde Alain. Parfois, des lames sortaient des poches. « On était des électrons libres... mais on a eu de la chance qu’il n’y ait pas eu de mort », reconnaît aujourd’hui “Tintin” qui rapporte une anecdote savoureuse autour d’un Toulon-OM d’antan. » « Le maire était venu me voir en me demandant de calmer mes gars. Je lui avais dit oui. Le jour du match, je croise Roland Courbis (l’entraîneur) qui me dit “mettez-moi le feu !” Alors, on a mis le feu. De toute façon, on ne savait faire que ça ! »