«Israël ne permettra à personne de l’attaquer»

Porte-parole du Centre communautaire israélite de Toulon et du Var, Yves Haddad analyse la situation brûlante au Proche Orient et dénonce un antisémitisme qui pousse sur un nouveau terreau

L’actualité internationale est particulièrement marquée ces derniers jours par la situation au Proche Orient. Tension militaire entre Israël et l’Iran, soulèvements récurrents des Gazaouis à la frontière de l’État hébreu, transfert lundi de l’ambassade américaine à Jérusalem, le jour même de la célébration du 70e anniversaire de la déclaration d’indépendance... À 3 000 kilomètres du Var, ce qui se passe en Israël concerne la communauté juive, qui ressent une sensible hausse de l’antisémitisme. Yves Haddad, président d’honneur du consistoire, analyse la situation.

Que vous inspire le retrait des États-Unis de l’accord du nucléaire avec l’Iran ?

Je pense dans un premier temps à la réflexion de Mme Merkel, en présence d’Emmanuel Macron. La chancelière allemande a déclaré que “l’Europe ne pourrait plus compter sur les États-Unis pour la protéger”. Je lui rappellerai qu’Israël n’a, pour sa part, jamais pu compter sur qui que ce soit pour assurer sa propre sécurité ! Et c’est un droit et un devoir de déclarer qu’Israël ne permettra à personne de tenter de l’attaquer !

Que pensez-vous de l’attitude des dirigeants iraniens depuis le retrait américain de l’accord sur le nucléaire ?

En tant que juif, en tant que Français, je dis à nos frères français d’arrêter d’être naïfs. Comment peut-on croire en ces dictateurs iraniens quand ils déclarent respecter l’accord, alors qu’il est clair et démontré qu’il n’en n’est rien ?

Le conflit actuel pourrait-il encore s’envenimer ?

Ces mollahs, dont la seule politique est d’affamer leur peuple, tant au niveau alimentaire que des libertés fondamentales, n’ont qu’une volonté déclarée : effacer Israël de la carte du monde. Alors, oui, le conflit pourrait s’envenimer.

Vous en avez peur ?

Cette crise militaire peut effectivement faire peur car les dirigeants iraniens n’ont pas la même valeur de la perte de l’être humain. Chez nous, c’est une catastrophe. Chez eux c’est un moyen.

Qu’est-ce qui pourrait éteindre l’incendie entre ces deux nations ?

Les dirigeants iraniens sont prêts à sacrifier   personnes de leur propre peuple pour assouvir leur haine de l’Occident, des États-Unis et d’Israël. La seule solution, c’est la révolution démocratique en Iran. La seule solution, c’est de “dégager” ces mollahs incompétents et sanguinaires.

Autre élément de tension au Proche Orient, le transfert, lundi, de l’ambassade des ÉtatsUnis de Tel Aviv à Jérusalem. Comprenez-vous cette autre décision de Donald Trump ?

Chaque pays a le droit d’installer son ambassade là où il le souhaite, avec l’accord du pays d’accueil, bien entendu. Israël est ravi que ce choix se soit porté sur Jérusalem. Voilà plus de   ans que Jérusalem est la capitale d’Israël. Et ce transfert correspond, jour pour jour, au e anniversaire de la déclaration d’indépendance !

La tension est grande également actuellement entre Israéliens et Palestiniens. Croyez-vous au scénario de la création d’un État binational ? L’espérez-vous ?

Sur ce chapitre, je reprendrais une citation du poète, romancier et essayiste israélien Amos Oz : “C’est une supercherie de croire à un état binational. Il faudrait d’abord qu’il y ait deux États. Et que les habitants de ces deux États apprennent à vivre ensemble et à se connaître”. Cependant, les responsables palestiniens se foutent éperdument du peuple palestinien. Ils ne s’occupent que de bagarres entre eux et victimisent ce pauvre peuple palestinien. Avant de parler d’État palestinien, qu’ils essaient de s’entendre entre eux et d’être crédibles !

Soutenez-vous la politique menée en Israël par Benyamin Netanyahou ?

Je ne partage pas l’ensemble de la politique de l’actuel Premier ministre d’Israël. Mais il a très bien compris qu’il était avant tout

La seule solution, c’est la révolution démocratique en Iran ”

le garant de l’État d’Israël, mais également du peuple juif.

Cette situation dans cette partie du globe a des répercussions en en France et donc dans notre département. Les juifs varois ressentent-ils vraiment un renouveau de l’antisémitisme ?

La communauté juive de Toulon et du Var ne vit pas dans la peur. Il n’y a que très peu de départs pour Israël ou ailleurs. Mais elle est consciente d’une montée de l’antisémitisme traditionnel et de l’antisémitisme arabo-musulman. Dans l’histoire entre les peuples juif et arabe, il y a pourtant plus de tolérance et de compréhension que de différences. Mais j’en veux personnellement à la majorité silencieuse des musulmans qui ne rappellent pas cette coexistence et ne se désolidarisent pas des islamistes, alors qu’ils en sont eux-mêmes les victimes.

Que doivent-ils faire, à vos yeux ?

Il appartient aux représentants musulmans de prendre officiellement la parole pour dénoncer l’antisémitisme. Faute de quoi, ils en deviendraient les complices.

Les représentants musulmans doivent prendre la parole pour dénoncer l’antisémitisme”

Vous évoquiez également l’antisémitisme «traditionnel». Celui de l’extrême-droite ?

Celui-ci persiste, bien entendu. Mais s’ajoute aujourd’hui celui d’une gauche extrême, animée par la direction des Insoumis. Et ceci à des fins électoralistes. Il convient de tenir compte de cet antisémitisme d’extrême-gauche, plus ou moins masqué sous la couverture hypocrite de l’antisionisme.

Jugez-vous utile le « Manifeste des  », qui dénonce le nouvel antisémitisme ?

Je me méfie de ce genre de manifeste. Je préfère les actes aux manifestes.

(Photo Hélène Dos Santos) «La communauté juive de Toulon et du Var ne vit pas dans la peur. Et il n’y a que très peu de départs pour Israël ou ailleurs », affirme aussi Yves Haddad.