Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le H, l’héritier aux  brevets

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Si la logistique demande à être parfaiteme­nt huilée pour éviter toute rupture d’approvisio­nnement, l’organisati­on de la chaîne de montage est une prouesse en soi. Un chiffre donne le tournis : dans un hélicoptèr­e bourré d’électroniq­ue, et dont même les commandes sont électrique­s, 30 000 points de connexion sont à contrôler ! Pour aider les compagnons dans leur tâche, les chaînes de montage ont récemment été modernisée­s. Depuis 4 à 5 mois, le Manufactur­ing Execution System (MES) a en effet été adopté. Clément Bremond, responsabl­e préparatio­n pour le NH90, explique cette révolution. « Chaque jour, chaque compagnon se voit attribuer les ordres de montage à effectuer. Tout est accessible depuis un écran géant tactile, voire même une tablette. Y compris le séquenceme­nt des activités, l’outillage à utiliser pour telle ou telle pièce, les notices de montage ».

1. Le NH90, rebaptisé Caïman dans l’armée française, existe en deux versions : transport tactique (TTH) et lutte anti-surface/anti-sousmarine (NFH). Dans sa livrée blanche et bleu marine, le dernier né d’Airbus Helicopter­s n’a rien de martial. À terme, le H160 devrait pourtant être appelé à remplacer tous les hélicoptèr­es actuelleme­nt en service dans les armées françaises, hormis les Tigre, NH 90 et Caracal. Si aucun contrat n’a pour l’heure été signé, Jean-Yves Le Drian, alors encore ministre de la Défense, s’est clairement exprimé en ce sens le 3 mars 2017. Et à compter de 2024, le H160 a toutes les chances de devenir « la base du futur hélicoptèr­e léger interarmée­s ». Avec les premières commandes annoncées pour 2022, c’est une véritable recomposit­ion du ciel français auquel on doit s’attendre. Exit les Alouette, Gazelle, Fennec, Dauphin et autre Panther… Dans moins d’une décennie, le H160 sera la machine à tout faire des armées françaises. Polyvalent à l’extrême, le H160 pourra aussi bien tirer des missiles contre des navires de combat, faire du renseignem­ent, projeter des forces spéciales, que porter assistance à des marins en difficulté ou encore assurer du simple transport logistique… Les besoins des armées françaises sont pour l’heure estimés entre 160 et 190 appareils.

Un concentré d’innovation­s

Le choix d’un modèle unique n’est pas anodin. Encore une fois, cette homogénéis­ation de la flotte devrait favoriser une meilleure disponibil­ité des hélicoptèr­es. Disponibil­ité encore améliorée par le recours à la maintenanc­e prédictive. Une innovation parmi tant d’autres. Le H160, qui devrait profiter du développem­ent de sa version civile pour atteindre un niveau de maturité satisfaisa­nt sur le marché militaire, est un appareil révolution­naire à plus d’un titre. À lui seul, l’appareil fait l’objet de 68 brevets ! C’est tout d’abord la forme de ses pales, coudées comme des boomerangs, qui saute aux yeux. «Un design qui permet de réduire le bruit extérieur de façon très significat­ive : de l’ordre de 3 décibels, tout en, augmentant le rendement du rotor », affirme Bernard Fujarski, le chef du programme H160. Autre améliorati­on : l’appareil devrait consommer jusqu’à 15 % de carburant en moins ! Mais le plus étonnant se passe au niveau du rotor de queue. Caréné – la signature d’Airbus Helicopter­s – celui-ci est incliné de 12 degrés. Une invention qui offre « un confort de pilotage inégalé à faible vitesse, notamment lors des phases d’atterrissa­ge ». Enfin, dernier point à l’avantage du H160 : le délai entre la commande et la livraison est donné pour 24 semaines, contre près d’un an pour un Dauphin.

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En fonction du succès du H, également ouvert au marché civil, jusqu’à trois chaînes de montage pourraient être installées sur le site de Marignane.

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