Entre amitié et souvenirs

Depuis son départ, Jacques Delmas l’ex-entraîneur des avants toulonnais n’était plus revenu à Mayol. Pour ce barrage inédit, Toulon est son favori mais Lyon est un bel outsider

Entre les deux, son coeur balance. Jacques Delmas voue à Pierre Mignoni une réelle amitié. Mais l’ancien entraîneur des avants toulonnais sous l’ère Bernard Laporte ne peut oublier tous les titres de champions d’Europe et de France remportés de haute lutte avec le RCT. Voilà pourquoi il est si partagé avec ce barrage inédit. Entre amitiés et souvenirs, son coeur bat la chamade. Et pour l’occasion, il remettra pour la première fois depuis son départ (c’était en novembre 2016) les pieds au stade Mayol.

Êtes-vous surpris de la présence des Lyonnais à ce niveau de la compétition?

Surpris ? Pas vraiment. Sinon, c’est une demie surprise. Le LOU a eu une année pour se stabiliser, une autre pour se renforcer avec un budget conséquent. Les Lyonnais ont franchi un pallier. Ils ont fait un gros début de saison avant de connaître un passage à vide. Ils ont su se remobiliser. Je ne les voyais pas dans les six il y a deux mois. Leur victoire à Toulouse les a remis en selle.

Toulon est-il, à vos yeux, clairement favori ?

Si la logique est respectée, Toulon sera en demie. Pour autant, si les Lyonnais ont atteint leur objectif, ils ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin. Depuis un mois, les Toulonnais montent en puissance. Ils sont vraiment hyper coriaces. Mais la logique sportive et la fameuse glorieuse incertitude du sport sont des choses différentes.

Le LOU de votre ami Pierre Mignoni va être remonté comme il se doit...

Il appartient à Pierrot de trouver des solutions, faute de quoi, les Lyonnais pourraient prendre cher. Je crois que tout va dépendre de la capacité des Lyonnais à empêcher, au moins durant la première période, le RCT de mettre son jeu en place. Mais si les Rouge et Noir parviennent à faire montre de la même efficacité et lucidité qu’au Munster ou au Racing comme ils ont su le faire face aux Castrais quatre-vingts minutes durant, la rencontre pourrait être vite jouée. Si à la pause le match n’est pas plié, le LOU ne donnera rien. Et si leur jeu au pied est pertinent, s’ils se montrent sérieux en défense et disciplinés, les hommes de Pierrot pourront alors se donner les moyens de faire douter Toulon. Ils ne peuvent pas se permettre de défendre toute la soirée sur les talons.

Toulon, en cette fin de saison, vous impressionne-t-il ?

On l’a vu contre les Irlandais du Munster ou contre les finalistes malheureux de la coupe d’Europe récemment. Au RCT, plusieurs joueurs sont capables de faire basculer un match. Après je fais confiance au manager du LOU, il saura remonter ses joueurs pour qu’ils ne lâchent rien. La mêlée lyonnaise est solide et leur touche avec Puricelli efficace. Aux Lyonnais de ne pas se mettre sur le reculoir dès les premiers ou seconds temps de jeu. Le LOU devra également prendre garde aux mêlées désaxées et de ne pas gaver le troisième rideau. La clef sera de mettre en place son jeu et s’adapter à la défense des Varois. Mais Pierrot, j’en suis sûr, a le nez sur l’ordinateur et la vidéo pour trouver des solutions qui surprennent. Il va tout faire pour trouver un truc dans l’espoir d’exister.

L’entame sera déterminante ?

Toulon est devenu une machine à fracasser. Le RCT est mon favori. Les Lyonnais doivent, quant à eux, se persuader qu’ils peuvent réussir un coup. Je pense qu’à la mi-temps, on sera fixé sur la suite de la rencontre…

Qu’est-ce qui pourrait enrayer la machine toulonnaise ?

Qui peut les arrêter ? Je ne sais pas d’autant que l’effectif toulonnais à une ou deux exceptions près est au complet. Le seul bémol, hormis Guirado et Tuisova, les autres titulaires n’ont pas joué deux dimanches. Ce repos pour un RCT dans l’avancée peut avoir une petite incidence. Je ne pense pas, au vu de son expérience, que Toulon - doté d’au moins cinq joueurs capables à eux seuls de faire la différence - puisse être assailli par le doute même si les Lyonnais, dont plusieurs joueurs connaissent bien Mayol, viennent sans pression.

Le LOU qui se qualifie in extremis face à Montpellier, ça vous inspire quoi ?

Il encaisse un essai d’entrée de match et joue à  pendant dix minutes. Et malgré cela, ils reviennent pour finalement s’imposer à l’énergie en ayant fait preuve de beaucoup de solidarité. Comme face à Toulouse, Lyon ne viendra pas sur la rade pour jouer petit bras.

Est-ce la confrontation entre d’un côté l’expérience et de l’autre la nouveauté ?

Ce sera, je pense, le combat entre une grosse machine et un outsider qui fera tout pour la dérégler. Beaucoup d’anciens Toulonnais de Lyon ont gagné des titres avec le RCT. Ils (Liam Gill, Delon Armitage, Fred Michalak…) seront bien reçus. Ca va être énorme ! Tout le monde sera prêt pour ce rendezvous, tous les acteurs seront à l’heure.

Toulon est devenu une machine à fracasser”

Sous l’ère Bernard Laporte, le tandem Delmas-Mignoni avait fait merveille au RCT.