Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Parc nature du plan de La Garde: laisser les prédateurs réguler la population de moustiques
En creusant de vastes retenues d’eau sur le plan de La Garde, les concepteurs du Parc nature ont-ils créé une immense nurserie à moustiques en plein coeur de la métropole ? « C’est une question qu’on a étudiée dans le détail dès les premières étapes de la conception », confie Patrick Péquignot, chargé de projets sur les Espaces naturels sensibles au sein du conseil départemental.
Épidémie exclue
« D’abord, si on parle de santé publique, il faut savoir que les grandes masses d’eau comme celles de l’Espace nature ne conviennent pas aux moustiques tigres. Ils préfèrent les petits volumes comme les pneus abandonnés ou les soucoupes. C’est vraiment un moustique urbain », poursuit-il. Exit donc a priori le risque d’une épidémie massive de chikungunya au pied du rocher de La Garde. Reste que si le moustique rayé ne rugira pas ici, ses cousins autochtones pourraient trouver l’aménagement à leur goût. « Bien sûr, il y a du moustique classique sur l’Espace nature. Mais il y en avait déjà avant, puisqu’il s’agissait d’une zone humide, glisse le chargé de mission. Et malgré la création de bassins, on pense qu’il devait y en avoir moins qu’avant ».
Réguler
Pourquoi moins ? Parce que selon le spécialiste, le milieu était déséquilibré et l’eau, stagnante dans l’ancienne zone humide était de mauvaise qualité. Résultat : beaucoup de lieux de ponte et peu de prédateurs. « Avec les bassins, on a amélioré la qualité de l’eau et fait revenir l’écosystème à l’équilibre, sourit Patrick Péquignot. Les chauves-souris, les batraciens et les libellules sont de retour ». Autant de bestioles surmotivées pour gober les larves. La gambusie, un petit poisson vorace, semble aussi se plaire ici. Plus efficace et plus durable que les bombes insecticides. A priori, ça devrait suffire à réguler la démographie des moustiques. Le Département ne s’interdit cependant pas, en cas d’invasion massive, de réaliser des traitements biologiques. « Mais on souhaite l’éviter au maximum, parce que ce serait rentrer dans un cercle vicieux. Si on traite les moustiques, on fait fuir les prédateurs… Et si les prédateurs ne sont plus là, les moustiques seront de plus en plus nombreux. On souhaite donc au maximum laisser la nature faire son oeuvre.»