Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Brégaillon, frontière varoise avec l’Orient
Au port seynois de Brégaillon, transitent 60 000 camions et remorques avec la Turquie. Zone contact exposée aux fraudes – traquées par l’État
TR » pour Turquie, sur les plaques d’immatriculation. Camions et remorques alignés par dizaines. Une matinée ordinaire au port de commerce de Brégaillon, à La Seyne. Peu de Varois connaissent le lieu. Pourtant, le poids économique de Brégaillon ne cesse d’augmenter depuis sept ans que tourne une liaison maritime avec la Turquie. Elle culmine aujourd’hui à trois rotations hebdomadaires et plus de 60000 véhicules transportés (chiffres 2017).
Fraude au cabotage
Brégaillon est devenu un poste frontière avec l’Orient. Porte d’entrée du fret, surveillée de près, « un point stratégique car on y observe beaucoup de fraudes, à commencer par les fraudes au cabotage », détaille Pierre Franc au service transports de la Dreal Hier matin, les services de l’État ont investi la zone, pour l’une de leurs opérations régulières de contrôle. Si le cabotage est traqué, c’est pour la concurrence déloyale qu’il inflige aux routiers français. Le principe de base est le suivant : « Un transporteur turc, donc non-européen, n’a pas le droit de charger une remorque en France pour un transport entre un point A et un point B ». C’est l’un des critères vérifiés par les contrôleurs de la Dreal. Justement, le chauffeur d’une société turque n’est pas en règle. « Keine Dokumente. Staffe für Firma. » On recourt à toute langue utile pour se faire comprendre. « Pas de papiers de transport, amende pour la société. » Tant que l’amende n’est pas payée, le véhicule est immobilisé. Ici, on se souvient d’une amende à 7 500 réglée en liquide. Mais le record, sur un seul transport avec un cumul d’infractions, s’est élevé à 21 000
Barème à la hausse
« Nous avons réadapté le barème des majorations à la hausse, relate la vice-procureure Stéphanie Batlle, en charge de ce contentieux. Le problème, c’est quand l’entreprise fait son calcul et intègre le risque d’une amende. » Le tour de vis a produit ses effets. Après une forte hausse en trois ans (+150 %), les amendes ont culminé à 30 000 en 2017. « Avec l’augmentation des contrôles et avec des réponses pénales appropriées, on est efficace », se félicite la Dreal. Un poids lourd bâché en jaune passe. « Cette société turque, nous l’avons beaucoup verbalisée. Ils avaient une annexe en Bulgarie. On a expliqué au patron qu’il fallait qu’il monte une entreprise en France. Ce qu’il a fait!» Au bas mot, un chauffeur turc est payé trois fois moins qu’un français. Quant aux routiers européens, ils ne doivent pas dépasser un nombre limité de rotations. Hier matin, trois infractions ont été constatées à Brégaillon, sur des poids lourds étrangers.