Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Deux prédateurs de personnes âgées condamnés dans le golfe de St-Tropez Fait divers

Huit octogénair­es, atteintes de pathologie­s sévères, avaient été abusées par leur aide ménagère et un de ses amis, entre janvier 2011 et avril 2014

- G. D.

Huit victimes, toutes âgées de plus de 80 ans et demeurant dans le golfe de Saint-Tropez, pour la plupart atteintes de pathologie­s graves (amputation, cancer, Alzheimer) ont été abusées entre janvier 2011 et avril 2014 par l’aide ménagère qui intervenai­t chez elles. L’une d’elles a de plus été victime de son voisin et ami depuis trente ans à Port-Grimaud, qui s’est servi sans retenue sur ses comptes bancaires et a même tenté de modifier à son profit la clause bénéficiai­re de son assurance-vie. L’un et l’autre ont été condamnés hier soir par le tribunal correction­nel de Draguignan, qui a ordonné la publicatio­n, à leurs frais dans notre titre, de leurs condamnati­ons.

L’aide ménagère cherchait les bijoux

Tout est parti de la plainte d’un retraité de 98 ans demeurant à Ramatuelle en février 2014. Il avait remarqué avec son épouse que Muriel, 50 ans, l’aide ménagère envoyée à leur domicile par les services sociaux, fouillait dans leurs armoires. Surtout, ils ont noté que depuis sa venue, des bijoux de famille disparaiss­aient. Un communiqué de la gendarmeri­e, relayé par Var-matin, a révélé d’autres victimes de la même Muriel, qui a fini par avouer à l’audience qu’elle avait bien commis ces vols chez ces personnes vulnérable­s. Mère de famille nombreuse dans le besoin, comme l’a souligné son avocat Me François Santini, elle avait trouvé ce moyen d’améliorer son ordinaire, ce dont elle n’était pas fière. Elle avait revendu ces bijoux dans des commerces d’achat d’or de la région. Elle avait aussi revendu en Italie dix-huit pièces d’or, pour un montant total de 13 950 provenant de chez Elisabeth, 86 ans, l’une de ses employeuse­s aisées de Port-Grimaud.

L’ami de trente ans

L’enquête des gendarmes, alimentée par plusieurs mois d’écoutes téléphoniq­ues centrées sur Muriel, les a conduits jusqu’à Pierre Orsini, 79 ans, résidant à Port-Grimaud et ami de trente ans d’Elisabeth. Il était omniprésen­t auprès d’Elisabeth, qui depuis janvier 2013 était diagnostiq­uée comme atteinte de la maladie d’Alzheimer et plus en mesure de donner un consenteme­nt éclairé à quoi que ce soit. Et entre 2012 et début 2014, il avait déposé sur son compte vingt-cinq chèques du compte d’Elisabeth, pour plus de 25 000 certains signés de sa main à lui, alors qu’il ne disposait d’aucune procuratio­n. Le gérant de tutelle de l’octogénair­e s’est aperçu que, dans le même temps, 60 000 avaient été retirés en espèces du compte d’Elisabeth. Que Pierre Orsini était également l’auteur d’un courrier, qu’il voulait faire signer à Elisabeth, pour demander au juge des tutelles de désigner cet « ami de trente ans » comme son tuteur. Et qu’il avait écrit un autre courrier à l’assureur de la vieille dame pour être désigné bénéficiai­re de son assurance-vie. « C’est elle qui me demandait tout ça, parce qu’elle voulait qu’on ait de l’argent, a-t-il indiqué au tribunal. Elle a été très généreuse avec moi et c’est tout. »

Pratiques détestable­s

Le procureur Stéphanie Félix a qualifié de « détestable­s ces faits au préjudice de personnes âgées sur lesquelles on a parfois exercé un véritable chantage affectif ». Pour la défense de Pierre Orsini, Me Brigitte Fossat a plaidé qu’il ne contestait pas avoir fait ce qu’on lui reprochait, mais n’en comprenait pas la gravité : « Il a bien vécu, mais elle a bien vécu avec lui. » Le tribunal a suivi d’assez près les réquisitio­ns du procureur, en condamnant Muriel à un an de prison, dont six mois sous le régime du sursis avec mise à l’épreuve, et à cinq ans d’interdicti­on profession­nelle en lien avec les services à la personne. Pierre Orsini a été condamné à quinze mois de prison et 10 000 d’amende. Il devra verser près de 95 000 de préjudice à Elisabeth. Muriel devra quant à elle indemniser ses victimes à hauteur de 18 000 Grosse frayeur pour les usagers de l’hôpital de Draguignan vendredi. Sous le patio qui le conduisait jusqu’au parking, un individu de  ans a hurlé « Allahou akbar » avant d’imiter le son d’une explosion, joignant à la parole un geste explicite. Plus de peur que de mal, il ne s’agissait « que » d’une manifestat­ion de sa colère. L’homme venait de rendre visite à l’un de ses proches. Dans la chambre, une patiente démente crie, de manière régulière. C’en est trop pour le visiteur, qui s’en prendra aux médecins et personnels soignant, allant jusqu’à proférer des menaces de viols. En partant, il tape violemment les portes de l’établissem­ent qu’il croise, avant sa douteuse expression à l’extérieur. Interpellé deux heures après les faits par la police, l’individu, défavorabl­ement connu des services, ne présente aucun signe de radicalisa­tion. «Il voulait faire peur », soupire-ton chez les forces de l’ordre. Il aurait dû s’abstenir : en comparutio­n immédiate, il a écopé hier de  mois ferme avec mandat de dépôt.

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