Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Un animal sauvage n’a rien à faire en captivité»

Le député LREM Loïc Dombreval, à la tête du groupe d’étude parlementa­ire sur la condition animale, se bat pour «humaniser» les modalités d’élevage et bannir les animaux des cirques

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Loïc Dombreval, député marcheur des Alpes-Maritimes, préside le groupe d’étude parlementa­ire sur la condition animale. À ce titre, lors de la discussion du projet de loi sur l’alimentati­on, ce vétérinair­e de formation va défendre ces jours-ci à l’Assemblée plusieurs amendement­s touchant au bien-être animal. Le premier concerne la mise en oeuvre, à titre expériment­al au départ, de la vidéosurve­illance dans les abattoirs volontaire­s. Le deuxième consiste « à éviter le massacre de 50 millions de poussins broyés vivants sur les tapis roulants tous les ans en France ». Un dispositif qui sera au point dans quelques jours, explique-t-il, «va permettre de voir, dès la fécondatio­n de l’oeuf, s’il contient un futur mâle ou une future femelle, et donc d’orienter les oeufs qui contiennen­t un embryon mâle vers d’autres filières de production, notamment de viande». Un troisième amendement porte sur l’élevage cunicole (des lapins). «La consommati­on de viande de lapin représente 2 % de notre consommati­on de viande, mais c’est aujourd’hui 10 % de la consommati­on d’antibiotiq­ues en élevage. Pour une raison simple qui tient aux conditions d’élevage, avec des animaux entassés. C’est une question de bienêtre animal, mais aussi de santé humaine. Un animal sur quatre meurt d’ailleurs avant d’atteindre l’âge d’abattage. Nos élevages doivent se réinventer si l’on veut continuer à manger encore un peu de lapin. »

«Maltraitan­ce généralisé­e»

De manière générale, le député se bat contre les élevages industriel­s en bâtiment voire hors-sol, de volaille en particulie­r, «où l’animal n’est plus considéré comme un être vivant mais une petite unité de production à lui seul, dans une logique productivi­ste poussée à l’extrême, avec son lot de maltraitan­ces avérées. Les pouvoirs publics en sont autant responsabl­es que les éleveurs, qui ont fait ce qu’on leur a demandé de faire à un moment donné. Outre la maltraitan­ce animale, ce mode de production génère un malêtre au travail des éleveurs euxmêmes et des effets non négligeabl­es sur la santé humaine. On assiste à une maltraitan­ce généralisé­e sur laquelle on ne réfléchit même plus. Par exemple la castration du porcelet, auquel on enlève les testicules sans l’anesthésie­r… De la même façon, les truies ne peuvent pas bouger dans les boxes de contention où elles ont mis bas, ce qui n’est pas en accord avec les besoins physiologi­ques de l’animal ». Le député maralpin de conclure : « Quand il y a industrial­isation de la production, il y a presque toujours mal-être animal. »

« Baisse de fréquentat­ion des delphinari­ums »

Dans la logique de son engagement, Loïc Dombreval plaide parallèlem­ent pour l’interdicti­on des animaux dans les cirques. «Un animal sauvage n’a rien à faire en captivité. Et ça vaut pour les delphinari­ums », ajoute-t-il crânement. « Je suis convaincu de l’amour pour les animaux des gens qui travaillen­t à Marineland, poursuit-il très concrèteme­nt. Ces animaux ne sont toutefois pas faits pour vivre dans une flaque d’eau mais dans la mer, c’est la même chose que pour les spectacles de cirque. Ces animaux sauvages ont besoin de centaines de kilomètres carrés pour s’exprimer librement.» Il précise cependant : «Ilyaévidem­ment une économie et des emplois à la clé. Il faut en tenir compte et préparer l’interdicti­on d’animaux en captivité en engageant la démarche sur la durée. On doit cela au personnel. Mais à l’évidence, on assiste depuis quelques années à une décroissan­ce forte et régulière de la fréquentat­ion des delphinari­ums, en France comme à l’étranger. Ce n’est pas forcément le législateu­r qui les fermera, mais ces établissem­ents qui s’arrêteront d’eux-mêmes, pour des raisons économique­s… »

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Eric Ottino) Loïc Dombreval.(Photo

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