Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La « lettre d’adieu » d’Elisabeth Revol à son compagnon de cordée

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L’alpiniste française Élisabeth Revol, rescapée de l’Himalaya en janvier, a partagé sur Facebook une « lettre d’adieu » adressée à son compagnon de cordée polonais, qui n’a pas pu être sauvé après leur ascension du Nanga Parbat au Pakistan. « Jusque-là, il m’était impossible d’écrire cette lettre... Tomek était l’un des hommes les plus libres et des plus indépendan­ts que je connaisse. Il était hors normes. L’himalayism­e qu’il pratiquait sur le Nanga en hiver était son art de vivre », écrit la rescapée de la « montagne tueuse » (  m), sauvée in extremis. Les secours n’avaient pas été en mesure d’atteindre Tomasz Mackiewicz, surnommé Tomek,  ans, resté bloqué plus haut sur la montagne dont le Polonais tentait l’ascension hivernale pour la septième fois, la troisième au côté d’Élisabeth Revol. Au sommet, il souffrait de cécité des neiges et crachait du sang. Les deux compagnons de cordée avaient alors entamé « une fuite vers le bas », que la Française avait poursuivie seule pour rejoindre ses deux sauveteurs, Adam Bielecki et Denis Urubko, pensant que des hélicoptèr­es viendraien­t chercher son compagnon de cordée. « J’ignore le moment où tu as franchi la ligne extrême: si j’avais pu percevoir ce signe. Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à te perdre, à quel moment tu as franchi le point de non retour, si toi-même, tu l’as senti ? », s’interroge Élisabeth Revol.

« Quatre-vingt-dix mètres au dessous du sommet, tu étais encore très bien », se rappelle-t-elle, « ensuite, on a peu parlé, mais pas moins ou pas plus qu’avant. On grimpait comme ça, concentré... je ne sais pas encore comment tout cela s’est passé pour qu’aujourd’hui on se dise adieu ». « Aujourd’hui, je t’écris une lettre d’adieu mais je préfère ne pas la terminer en te disant au revoir car c’est quelque chose qui m’est encore impossible. J’ai vécu des moments uniques avec toi, j’ai ressenti des choses extraordin­aires et nous avons fait ensemble des choses belles et authentiqu­es », ajoute l’alpiniste, soignée à son retour en France pour des gelures graves aux deux mains et au pied gauche.

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(Facebook/Elisabeth Revol) Elisabeth Revol avec Tomasz Mackiewicz lors de leur dernière ascension.

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