Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

À l’école de Marion Maréchal à Lyon, tous les courants de l’extrême droite représenté­s

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Catholique­s traditiona­listes, royalistes, néo-fascistes... toutes les tendances de l’extrême droite seront représenté­es parmi les intervenan­ts de la future école de sciences politiques lancée, hier, par Marion Maréchal, qui entend défendre « enracineme­nt » et « identité culturelle ». L’Institut de sciences sociales, économique­s et politiques (Issep), associatio­n qui dispense des Master 1, Master 2 et magistère non reconnus par l’État, doit ouvrir en septembre à Lyon, a indiqué la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, qui avait fait de son patronyme un nom d’usage avant d’y renoncer il y a quelques jours. « L’usage du terme “sciences politiques” me paraît un peu inquiétant parce que la science politique, ça n’est pas la politique », a réagi auprès de l’Agence France Presse le directeur de Sciences Po Lyon, Renaud Payre. Reprenant le terme « institut », l’Issep crée la confusion avec les dix Instituts d’études politiques (IEP) qui sont destinés à « former des étudiants ouverts sur le monde et pas repliés sur une quelconque identité culturelle ou politique », a-t-il ajouté. Marion Maréchal, 28 ans, pilotera la direction générale, confiant les manettes du conseil scientifiq­ue à deux proches, Patrick Louis et Jacques de Guillebon. Le premier, professeur d’économie et de géopolitiq­ue à Lyon3, avait commencé une carrière politique lors des régionales de 1998 sur la liste de Charles Millon, élu président de Rhône-Alpes avec les voix du FN. L’universita­ire était ensuite devenu numéro deux du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers.

Un organigram­me masculin

Le journalist­e Jacques de Guillebon, qui se revendique comme catholique traditiona­liste, est pour sa part un ami intime de Marion Maréchal, pour qui il a écrit plusieurs discours. Il dirige en outre le mensuel L’Incorrect, avatar médiatique du marion-maréchalis­me, lancé en septembre. L’organigram­me du corps enseignant, exclusivem­ent masculin, fait se côtoyer de vieilles figures de l’extrême droite française, tels le fondateur du Parti des forces nouvelles, Pascal Gauchon, ou l’exprésiden­t d’Alliance royale, Yves-Marie Adeline, avec de jeunes conservate­urs, à l’image de Thibaud Collin, coauteur d’un livre avec Nicolas Sarkozy en 2004 mais soutien de Marine Le Pen à la présidenti­elle de 2017.

« Une grande fille »

Dans cette nébuleuse qui dessine les contours de la galaxie de Marion Maréchal, le conservati­sme sur les moeurs apparaît comme un trait d’union, notamment par le combat mené par la quasi-totalité des intervenan­ts contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe – « l’homosexual­ité est un désordre mental » et « un mal social », écrivait notamment Jacques de Guillebon en 2012. Il y a six ans, le projet de loi avait provoqué une ligne de fracture au FN : Marine Le Pen avait renoncé à participer aux défilés de La Manif pour tous, à l’opposé de sa nièce, laquelle avait alors séduit la frange la plus conservatr­ice du parti autant qu’elle gagnait en émancipati­on politique. Interrogée hier, Marine Le Pen a estimé que « Marion fait ce qu’elle veut, c’est une grande fille », tout en lui souhaitant « bonne chance ».

 ?? (Photo AFP) ?? Un retour à la vie civile de la petite-fille de Jean-Marie Le Pen acté par le lancement officiel de son école.
(Photo AFP) Un retour à la vie civile de la petite-fille de Jean-Marie Le Pen acté par le lancement officiel de son école.

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