Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Ils lancent un fonds en faveur de la faune sauvage
Le fonds de dotation Univet est créé pour valoriser des actions de protection de la biodiversité. Chacun, entreprises ou particuliers, peut y participer. Explications
Si tous les vétérinaires pouvaient se donner la main... Alain Moussu, vétérinaire à Hyères, fait le même constat depuis trente ans : sur les 6 000 cliniques de France, « seule une centaine de vétérinaires sont ouvertement militants ou acteurs de la protection de la nature ». Englués dans des emplois du temps chargés, ils ne voient souvent guère plus loin que le fond de leur salle de soins. « Cette profession est pourtant attendue sur cette question. Elle a la légitimité de s’investir, mais elle ne l’a pas encore fait à ce jour. »
L’effet Daktari
Certes, les initiatives de la profession vétérinaire en faveur de la faune sauvage sont nombreuses, variées et pertinentes, mais il manquait un mouvement de fond pouvant embarquer les cliniques et cabinets vétérinaires, ainsi que les entreprises partenaires et le grand public. Christophe Navarro, vétérinaire à Mougins (Alpes-Mairitimess) et président d’Univet, complète : « Je crois que 95 % des vétérinaires ont embrassé la profession en regardant Daktari. Mais on a tendance à oublier cette passion. Avec cet engagement, on met en commun notre travail quotidien en atteignant un accomplissement personnel. On redevient des gosses quand on recommence à sauver, des chatons comme des animaux sauvages. » Univet est un réseau pluridisciplinaire regroupant 27 vétérinaires associés, 19 cliniques et 60 salariés sur les Bouches-du-Rhône, mais principalement le Var et les Alpes-Maritimes. Avec un fonds d’investissement pour partenaire financier, est créé le fonds de dotation Univet. Chacun peut y contribuer par des dons qui font l’objet d’un abattement fiscal : les entreprises peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt de 60 % du montant des versements et 66 % pour les particuliers. À quoi sert ce fonds ?
Actions à Bornéo et Madagascar
Localement, il soutient le Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage, géré par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Paca à Buoux, sur le territoire du Parc naturel régional du Luberon. C’est peu connu, mais quand un animal sauvage blessé ou empoisonné est confié à une clinique vétérinaire, c’est là qu’il est pris en charge, soigné et réinséré dans la nature. Une équipe de 150 bénévoles y participe. En 2017, 1 448 animaux ont transité par ce centre, surtout des oiseaux (buses, faucons, éperviers, cigognes, poussins de martinets, mésanges, chouettes, hiboux tombés du nid), mais aussi des hérissons, chauve-souris, renardeaux, blaireaux, fouines... « On veut qu’un maximum de cliniques fassent le job en sachant quels bénévoles contacter pour amener les animaux à Buoux. Gagner du temps est très important pour augmenter les chances de survie des animaux blessés », explique Alain Moussu. Le fonds Univet soutient aussi Feralis, créé par la LPO en 2017. Cette fois, il s’agit de développer et soutenir toute activité d’intérêt général dans le domaine de la protection de la nature, en vue d’assurer la conservation de la faune et de la flore sauvages. Exemples en 2018, des conventions sont signées avec des ONG pour créer une aire protégée à Madagascar (forêt d’Ambodiriana) et soutenir l’acquisition de parcelles forestières et le centre de conservation des gibbons à Bornéo (Kalaweit). Dernière initiative, Univet va ouvrir une boutique en ligne d’aliments pour animaux domestiques, à prix accessibles et concurrentiels, dont la marge à vendre sera consacrée au fonds Univet. « Là aussi, il s’agit de créer un flux financier éthique permettant à tout propriétaire d’un animal de compagnie de contribuer à la protection de la nature », concluent les vétérinaires. Alors, êtes-vous prêts à vous engager ?