Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Alzheimer : « un déremboursement
« C’est une décision infondée et dangereuse ». Liliane Imbert, présidente de la délégation 06 de France Alzheimer, ne décolère pas depuis l’annonce lundi dernier par Agnès Buzin du déremboursement des médicaments prescrits dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. «Les familles sont en plein désarroi, observe-t-elle. Cette décision risque de sortir des malades du parcours de soins, de rompre le lien essentiel entre médecin, malade et famille. » En effet, même si, depuis des années déjà, l’inefficacité de ces médicaments est établie, les ministres de la santé successifs – dont Marisol Touraine – se sont opposés à ce déremboursement, en arguant qu’ils jouaient un rôle essentiel dans la prise en charge plus globale. « À quoi bon aller voir son médecin s’il n’a rien à proposer ? » vont se dire les patients et leurs familles. Aujourd’hui, le discours est clair, on ne dissimule pas la vérité ; on dit que la maladie est incurable, que les médicaments sont inefficaces en termes de guérison, mais aussi que l’on va tout mettre en oeuvre pour stabiliser la maladie. Et les médicaments existants, chez un certain nombre de malades, parviennent au moins à combattre les troubles de l’humeur et du comportement. »
« Chaque malade est un cas particulier »
Ceux qui accompagnent au quotidien les malades et leurs proches appréhendent déjà ce qui risque de se produire – et qui est déjà d’actualité pour certains malades : « Souvent, les «crises » se produisent pendant le week-end, les familles appellent SOS médecins, les malades sont envoyés vers le CAP [centre d’accueil psychiatrique, Ndlr] et sont mis sous neuroleptiques. La maladie d’Alzheimer est une maladie neurologique, pas psychiatrique. » Quant aux effets secondaires, cardiaques en particulier, argument fort avancé par la Ministre pour justifier » Que risque-t-il de se produire dans les prochains mois, si la décision est entérinée ? « Le coût mensuel de ces traitements est de 30 euros par malade. C’est peu pour certains, c’est beaucoup Il est à noter d’ailleurs que la France, en prenant cette décision, se singularise de ses homologues européens qui ont tous choisi de maintenir le remboursement de ces médicaments.
On va déboucher sur une médecine à deux vitesses Liliane Imbert Présidente de la délégation France Alzheimer 06