Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Pointure plus que doublure ?

Titulaire contre l’Italie vendredi (3-1), Lucas Hernandez a montré qu’il avait le coffre pour s’installer en Bleu. Sur l’une de ses chevauchée­s, il a obtenu le penalty transformé par Griezmann

- CHRISTOPHE­R ROUX

Les doutes ont perdu de leur épaisseur. Il a fallu deux rencontres amicales aux Bleus pour rassurer le barnum de journalist­es accroché à leurs basques : ils ne sont dépourvus ni de talents ni d’éléments en forme sur les postes de latéraux. Pour ouvrir la préparatio­n lundi dernier contre l’Irlande (2-0), et même s’il ne faut présumer de rien puisque l’intensité sera tout autre en Russie, les genoux de Djibril Sidibé et Benjamin Mendy ont paru tenir le choc et être en mesure d’absorber le rythme infernal d’une Coupe du monde. Vendredi, à Nice, c’est la doublette Benjamin Pavard-Lucas Hernandez qui a convaincu. Plus que le désert prédit, dans ses couloirs, l’équipe de France fait donc plutôt face à l’équation suivante : quatre hommes pour deux places. Didier Deschamps a beau marteler « qu’il n’aura pas de mal de tête », il est à l’orée de vrais choix, d’ici le 16 juin et l’entrée en lice des siens face à l’Australie. Pour l’heure, Sidibé et Mendy disposent toujours d’une longueur d’avance sur la concurrenc­e, mais la « Dèche » ne peut occulter l’apport de ses jeunes loups. Notamment les garanties données par Hernandez.

Se lâcher

Le Madrilène affiche une maturité certaine. A 22 ans, il a profité de sa 4e sélection et sa deuxième titularisa­tion en Bleu pour afficher un visage sans complexe. Pendant une heure et avant son remplaceme­nt par Mendy, ses montées ont été tranchante­s. Il a d’ailleurs déposé Mandragora pour aller chercher le penalty du 2-0 (29’). Il a également amené la grinta transfusée par son coach à l’Atlético, Diego Simeone. Son pourcentag­e de duels gagnés contre la Nazionale (46%) a le droit de prendre de la hauteur, mais dans une défense française parfois tendre, ce combattant est précieux. Son état d’esprit servira en Russie quand les matchs viendront, peut-être, à se tendre. Pour franchir un palier, sa progressio­n passe désormais par un lâcher-prise sur le plan offensif. Il n’a offert que deux centres vendredi. Formé comme axial, il doit encore saisir tous les codes du latéral moderne. Cette marche à gravir n’a pas empêché Didier Deschamps d’évoquer spontanéme­nt la performanc­e du natif de Marseille, en conf’ d’après-match. Alors que la question qui lui avait été posée au préalable ciblait le duel entre Tolisso et Pogba. « Certains d’entre vous ont été choqués de voir Lucas dans la liste. Il n’est pas là par hasard. Même s’il est dans un registre beaucoup plus offensif que ce qu’on lui demande à l’Atlético. Il en est capable. Il met le pied aussi. C’est bien pour l’ensemble du groupe. »

Il change son image

Ces louanges ne sont pas que le résultat de performanc­es sportives. Elles viennent récompense­r un garçon en pleine mutation dans le regard des supporters français. Sceptiques, il y a peu encore, devant les atermoieme­nts d’Hernandez au sujet du pays dont il souhaitait porter les couleurs. Avant sa première cape en Bleu en mars contre la Colombie (2-3), l’ex-internatio­nal Espoirs français a hésité entre l’Espagne et son pays de naissance. Arrivé en Espagne à l’âge de 4 ans, où il a suivi son père Jean-François, footballeu­r profession­nel, appris le foot, la langue et bouclé ses études, il avait fait une demande de naturalisa­tion espagnole. Inquiet de ne pas voir Deschamps s’enquérir de son sort, il s’est imaginé, un temps, un destin avec la Roja. Le Phocéen avait ressenti le besoin de s’expliquer, le 25 mars dernier lors de son premier passage devant les médias. Les prémices de son changement d’image, indispensa­ble à son épanouisse­ment. « Ça a pu être mal perçu. Les Français ne me connaissen­t pas comme les Espagnols. Ça fait 18 ans que je vis en Espagne. Quand je dis que l’Espagne m’a tout donné, c’est la vérité, mais mon pays de naissance est la France. Je suis ambitieux. Quand on est loin et qu’on n’a pas de nouvelles, on pense à des trucs. Mais quand le coach Deschamps t’appelle et qu’il compte sur toi, je n’ai pas eu à réfléchir. Maintenant, ma décision est prise (n’ayant disputé que des amicaux, il peut encore opter pour le champion du monde 2010, ndlr). Je suis fier de porter ce maillot et tant que je serai sur le terrain, je ferai tout pour défendre ce maillot à mort.» Des paroles qu’ils ne cessent, depuis, de lier aux actes. Derniers adversaire­s des Bleus avant le Mondial, samedi à Lyon (21h), les Américains, absents en Russie, affrontaie­nt l’Irlande hier soir à Dublin. Invaincus depuis cinq matchs, ils ont été battus 2-1.

 ?? (Photo AFP) ?? Le Madrilène avait notamment convaincu Didier Deschamps de l’incorporer dans sa liste, en éteignant Florian Thauvin en finale de la Ligue Europa.
(Photo AFP) Le Madrilène avait notamment convaincu Didier Deschamps de l’incorporer dans sa liste, en éteignant Florian Thauvin en finale de la Ligue Europa.

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