Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les agriculteu­rs veulent bloquer les raffinerie­s

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Les agriculteu­rs français ont commencé hier soir à bloquer des raffinerie­s et dépôts de carburant, pour dénoncer l’« incohérenc­e » du gouverneme­nt qui les oblige à respecter des normes auxquelles ne sont pas soumis des produits importés comme l’huile de palme. Sous le mot-clé #SauvezLesA­gri, le premier syndicat agricole, la FNSEA, et les Jeunes Agriculteu­rs (JA) ont appelé leurs adhérents à occuper 14 sites stratégiqu­es durant trois jours reconducti­bles. Une centaine d’agriculteu­rs ont commencé à bloquer le dépôt de carburant de Vatry (Marne) dès hier en début de soirée.

Sept dépôts concernés

Une cinquantai­ne d’agriculteu­rs se sont installés en même temps sur le rondpoint à l’entrée d’un dépôt de carburant près de Toulouse, selon la FRSEA Occitanie. Sept autres dépôts doivent être bloqués, à Dunkerque (Nord), Grigny (Essonne), Coignières (Yvelines), Gennevilli­ers (Hauts-de-Seine), Strasbourg, Cournon (Puyde-Dôme) et Lyon. Les agriculteu­rs ciblent aussi les quatre raffinerie­s de Total à Gonfrevill­e-l’Orcher (Seine-Maritime), Grandpuits (Seine-et-Marne), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Rhône), ainsi que sa bio-raffinerie en chantier de La Mède, près de Marseille. « Nous ne sommes pas contre les importatio­ns, nous ne sommes pas (pour) des mesures protection­nistes, d’abord parce que nous ne produisons pas tous les produits, mais nous voulons, pour le consommate­ur, que le gouverneme­nt soit cohérent et que les importatio­ns soient faites à normes égales, sinon l’agricultur­e française va disparaîtr­e », a déclaré Samuel Vandaele, secrétaire général des JA.

L’huile de palme, la goutte de trop

L’huile de palme n’est pas le seul produit visé, mais c’est « la goutte qui a fait déborder le vase de la colère », selon Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA. Jusqu’à 300.000 tonnes par an d’huile de palme, produit hautement controvers­é car accusé de favoriser la déforestat­ion en Asie du Sud-Est, doivent être importées pour alimenter la bioraffine­rie de La Mède dès cet été. Alors que l’agricultur­e française peut fournir des huiles de tournesol ou de colza, mais plus chères. Pour le porte-parole de LREM Gabriel Attal, l’Etat ne peut pas se dédire de l’accord scellant l’importatio­n d’huile de palme pour La Mède, signé entre le précédent gouverneme­nt et Total, mais sera « vigilant », notamment sur sa qualité environnem­entale. Nécessitan­t jusqu’à 650 000 tonnes de matières premières par an, la bioraffine­rie utilisera aussi d’autres huiles, dont 50 000 tonnes de « colza français », a promis début juin le PDG de Total, Patrick Pouyanné.

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(Photo PQR/L’Union de Reims) Les agriculteu­rs de la Marne ont commencé à bloquer le dépôt de Vatry. Ce mouvement vise à protester notamment contre l’importatio­n d’huile de palme utilisée dans la fabricatio­n d’essence.

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