Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Daesh a volé mon enfant »

- (1) Le prénom a été modifié. (2) Plus d’informatio­ns sur le site : http://victim-islam-radical.monsite-orange.fr/

Il y a un peu plus de trois ans, la fille de Nadège(1) est partie faire le djihad en Irak, elle

n’est pas revenue. « Je n’ai rien vu venir. Je ne savais pas qu’elle s’était convertie, ni qu’elle adhérait aux idées de daesh. Elle m’a dit qu’elle partait faire du ski, et elle m’a appelée d’Irak en me disant qu’elle ne rentrerait pas. Elle ne parle pas de djihad, mais d’aller exercer sa foi en Terre sainte. » Cette mère a fait face à l’incompréhe­nsion, au déni, à la souffrance. « Depuis, je mets toute mon énergie pour faire en sorte qu’un minimum de jeunes ne soit pris dans l’engrenage.» Elle a fondé l’associatio­n des victimes de l’islam radical Turquoise Freedom(2).

Des vidéos de propagande

Elle intervient auprès des jeunes, qui sont particuliè­rement exposés du fait de leur présence sur les réseaux sociaux. « Ilyades manipulate­urs sur internet, et beaucoup de vidéos de propagande qui séduisent et font

perdre tout discerneme­nt. » C’est la raison de sa présence à Vins, auprès des mineurs de la PJJ. Elle va aussi à la rencontre d’autres parents de radicalisé­s. « J’interviens en apportant mon expérience. Daesh a volé mon enfant. Je suis une victime, comme tous les parents d’enfants embrigadés. Je veux faire passer le message : il faut arrêter de nous stigmatise­r. »

« On le ressent comme un deuil »

Dans la pièce, Nadège joue le rôle de la « fausse amie » d’une maman qui l’appelle

à l’aide, parce que sa fille se radicalise. « Je la culpabilis­e, je lui dis que c’est sa faute, que c’est à cause de son éducation. Je m’éloigne d’elle en prétextant que je ne veux pas que mon enfant attrape le terrorisme, comme si c’était une maladie.» Elle refuse de se faire cataloguer comme une mère de terroriste. « Quand ça nous arrive, on veut comprendre, on se dit que c’est notre responsabi­lité, qu’on a raté quelque chose. Malheureus­ement, on ne peut qu’accepter. Ma fille a fait ses choix. Elle a son lot de responsabi­lité. » Un chagrin amplifié par le poids du regard des autres, par les démarches vis-à-vis de la police et des pouvoirs publics. Elle a reçu des nouvelles de sa fille. « Depuis, je suis grand-mère. Elle peut rentrer demain,

comme jamais. Moi, je déploie mon énergie ici, au service des jeunes. »

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