Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le metteur en scène cherche l’interactiv­ité

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Pascal Guyot, de la compagnie Entr’act, endosse le rôle de metteur en scène avec les mineurs de la PJJ.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?

Quand on me l’a présenté, je l’ai trouvé très intéressan­t. On fait un travail sur l’écoute, sur l’imaginaire, et on intègre au spectacle des situations que les mineurs ont réellement rencontrée­s. La pièce s’appelle Un billet pour le paradis. L’objectif n’est pas le théâtre en lui-même, c’est que cela devienne un outil pour ouvrir la réflexion, le débat.

Pourquoi avoir réalisé une pièce de théâtre forum ?

C’est interactif. Lorsque l’on joue la pièce la première fois, elle se termine mal. Ensuite, on dit stop ! et on invite le public à monter sur scène. On laisse place à un débat théâtral. On travaille sur la prise de conscience des acteurs et du public, on fait de la prévention. On cherche à avoir plus que de simples réactions.

Quel est le scénario ?

Les scènes sont issues des improvisat­ions réalisées avec les jeunes. L’histoire raconte le parcours d’un garçon et d’une fille, qui, malgré les efforts de leur famille et de leurs amis, se laissent manipuler par des recruteurs et partent « venger leurs frères et soeurs qui souffrent » en Irak ou en Syrie. Malgré la thématique, il y a des touches d’humour. Par exemple, le recruteur de daesh s’appelle Abou de Souffle. Il y a une scène où on le voit dans l’intimité, qui fume des joints et boit de l’alcool. Et puis, quand il reçoit, il s’installe sur son tapis de prière. En toile de fond, la pièce parle aussi du mal-être de l’adolescenc­e, des problèmes familiaux et du danger des réseaux sociaux. On va comprendre que malgré l’éducation de sa mère, la fille fait confiance à un manipulate­ur. Elle se retrouve habillée en niqab, à côté d’hommes en armes. À ce moment-là, il y a une lettre qui est lue. C’est une vraie lettre, que Nadège a écrite à sa fille. Et puis, ça permet de dire que l’Islam, c’est pas ça.

Pensez-vous leur avoir fait aimer le théâtre ?

Ces jeunes sont un public délicat. On a commencé avec un système de jeu, à la fin de la première semaine, j’ai entendu l’un des mineurs dire « dépêchez-vous, on va être en retard au théâtre ! ». Pour moi c’est un succès, grâce à l’encadremen­t et la Direction départemen­tale de la PJJ, ainsi que le Conseil régional, qui finance le projet.

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Pascal Guyot, metteur en scène de la pièce.

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