Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Crime de Sainte-Maxime : ce n’était pas un accident

Les médecins légistes et les experts en balistique­s ont jugé incompatib­le la thèse soutenue par Ahmed Remada, pour expliquer la mort violente de son frère. L’accusé est toujours amnésique

- G. D.

Dure journée pour Ahmed Remada, hier, devant la cour d’assises du Var. L’accusé, qui est jugé pour le meurtre de son frère aîné Radour, l’après-midi du 25 septembre 2015 au sommet de la piste des Saquèdes à SainteMaxi­me, soutient toujours que le coup de fusil mortel est parti par accident. Mais il n’a pas pour autant retrouvé la mémoire sur ce qui s’est passé ce jour-là. Ce qui l’a mis en position délicate face aux experts qui ont disséqué la scène de crime.

Saouls et énervés

Auparavant, trois témoins ont été entendus, qui avaient emprunté la piste des Saquèdes peu avant les faits. Les uns avaient vu Radour Remada avec un fusil dans les mains, et Ahmed près de la voiture, qui semblait énervé et criait. Tous deux semblaient saouls. Un autre avait vu les frères se disputer. Il a entendu Radour crier à son cadet : «Arrête. Tu ne vas pas faire ça. Tu es fou.» Puis il a vu Ahmed sortir un fusil de sa voiture et a préféré s’éloigner. Dix minutes plus tard, il a entendu un coup de feu. Selon les médecins légistes, la mort de Radour Remada, dont la boîte crânienne et le cerveau avaient été éparpillés par le souffle du coup de feu, a été instantané­e. Il s’était donc affaissé à l’endroit du tir, à l’avant de la voiture, selon les indication­s de certains témoins. Son corps avait ensuite été traîné, et en quittant les lieux, l’accusé lui avait roulé dessus avec son véhicule.

Version de l’accusé incompatib­le

Ahmed Remada situait quant à lui les faits à l’arrière de la voiture. Il a dit qu’il avait l’arme dans la main droite, qu’il s’était approché du coffre, qu’il avait tendu l’arme à son frère à côté de lui, à soixante centimètre­s, et que c’est à ce moment que le coup était parti. «Cette version n’est absolument pas compatible avec les expertises et la reconstitu­tion, a objecté le légiste spécialisé en balistique. C’était un tir horizontal, épaulé, avec un fusil tenu fermement à deux mains, dans la tête à bout touchant. »

L’alcool, l’eau et le feu

La photo d’une mise en scène, réalisée lors de la reconstitu­tion, matérialis­ait cette conclusion. « Cette image fait revenir vos souvenirs ? », a demandé le président à l’accusé. « Non, pas du tout. Je ne me souviens pas. Si le docteur le dit, c’est que c’est ça. Je ne l’ai pas fait exprès, c’est tout. » Le toxicologu­e, qui a analysé les prélèvemen­ts sanguins des deux protagonis­tes, a aussi livré ses conclusion­s : «Au moment des faits, le 25 septembre 2015 à 18 heures, la victime avait un taux d’alcoolémie de 2,78 g/l et l’accusé de 4 g/l.» La cour a également entendu plusieurs voisins d’Ahmed Remada, qui l’avaient vu revenir à son domicile avant de s’y retrancher. Certains l’avaient entendu dire: «Ce soir je me prends dix piges, mais je ne les prends pas pour rien. » Terrassée par la situation de devoir assister au procès de l’un de ses fils pour le meurtre d’un autre, la mère des frères Remada a résumé ainsi leurs caractères opposés: «Radour était l’eau et Ahmed le feu. » La cour abordera ce matin la personnali­té de l’accusé.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Le gendarme qui a dirigé l’enquête a été entendu en visioconfé­rence par le président Guyon.

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