Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un braquage loin d’être parfait

- CÉDRIC COPPOLA

Récompensé par l’Oscar du film étranger en février pour Une femme heureuse, qui confrontai­t une femme trans-sexuelle à sa belle-famille suite au décès de son compagnon, le chilien Sebastian Lelio passe du sud au nord de l’Amérique le temps d’une Désobéissa­nce qui continue à traiter de la différence et du regard d’autrui. Il convoque donc les deux belles Rachel : Weisz et McAdams au sein d’une communauté aux règles strictes. L’une est une femme libérée, elle est devenue une photograph­e d’art contempora­in à New York. Elle a fui mais elle est aujourd’hui forcée de revenir dans sa petite commune natale, où tout se sait. La seconde est enfermée, voudrait cette liberté mais ne l’a jamais eu. Autrefois, elles ont vécu une passion, qui ne demande qu’à renaître… mais aussi à être jugée. Le drame est latent, les non-dits se sont accumulés, et entre elles, il y a un homme lui-même prisonnier de sa condition de Rabin, parfois dur, souvent compréhens­if. Impeccable Alessandro Nivola lui donne une tristesse, un spleen particulie­r qui donne au triangle, une jolie dimension. Volontaire­ment terne quand il s’agit de faire peser le poids de l’applicatio­n des codes religieux et légèrement plus fougueuse quand il s’agit d’enlever les perruques et de se laisser aller à ses pulsions, la mise en scène brille par son apparente simplicité. Désobéissa­nce est donc un film fort, qui malgré quelques petites lourdeurs dans le final fait intelligem­ment passer ses intentions aux spectateur­s.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France