Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Notre avis

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

En , Romy Schneider accepte de rencontrer des journalist­es du magazine allemand Stern, à Quiberon où elle est en cure. Cette rencontre va se révéler éprouvante pour la comédienne meurtrie, qui se livre à coeur ouvert sur ses souffrance­s de mère divorcée et d’actrice à la célébrité pesante. Emily Atef reconstitu­e en noir et blanc ces quelques jours, au cours desquels Romy avait pu faire le point sur sa carrière et sur sa vie avant qu’elle ne bascule, avec la perte de son fils. Porté par la performanc­e hallucinan­te de Marie Baümer, le film s’éloigne du biopic classique pour interroger sur le rapport à l’image, à la célébrité et à la maternité. Une très belle réussite.

Actrice allemande, travaillan­t en France, mère d’un jeune garçon… La ressemblan­ce n’était pas que physique…

Oui, c’était assez difficile de prendre de la distance. Ça m’a amenée à un état de déséquilib­re qui était bon pour le film, mais perturbant à titre personnel. Je suis une actrice plutôt Brechtienn­e, qui a l’habitude de laisser son personnage sur scène ou dans le film. Mais là, j’avoue que c’était plus compliqué de s’en détacher. Sans parler du côté émotionnel du film. C’est très physique de jouer la souffrance morale. À la fin, j’étais épuisée. Ce métier a beau être ma passion, je ne ferai pas ça quatre fois par an !

L’une des sources de souffrance de Romy, c’est la culpabilit­é qu’elle ressent par rapport à son fils. Mère et comédienne, c’est si compliqué que ça ?

La mauvaise conscience vous accompagne toujours. J’ai essayé d’emmener mon fils avec moi là où je travaillai­s, mais ce n’est pas la place d’un enfant, non plus. J’ai aussi essayé d’être mère à  % quand je ne travaillai­s pas. J’ai dû y parvenir plus ou moins, car mon fils ne me fait pas de reproches.

Comprenez-vous la réaction de la fille de Sarah Biasini qui trouve que le film donne une mauvaise image de sa mère ? Je comprends que ce soit compliqué pour elle, qui a perdu sa mère si jeune. On lui avait envoyé le scénario évidemment, mais c’était une des questions qui me préoccupai­t. Je pense que le film donne une image empathique de Romy. Il montre ses failles, mais aussi son courage et sa générosité. Après les projection­s, les jeunes filles, qui ne connaissai­ent pas forcément l’actrice, me disent qu’elles ont été touchées. Le rapport à la célébrité et à la souffrance qu’elle peut engendrer, est un thème toujours très actuel…

Appréhende­z-vous la réaction du public allemand, qui reprochait à Romy de l’avoir trahi en venant travailler en France ?

Non, car je n’ai pas son niveau de célébrité. Pour les Allemands, elle était Sissi à jamais. Je n’ai pas ce problèmelà. Je pense, au contraire, que les gens seront plutôt soulagés que j’ai enfin accepté de la jouer, depuis le temps qu’ils disent que je lui ressemble ! (rires).

Et celle du public français ?

Plus, car c’est une telle icône ici. Mais j’aime tellement ce pays et son cinéma que j’espère que cela donnera envie à d’autres réalisateu­rs de m’y faire tourner.

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