Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Culture bio, nouveaux marchés, biodiversité… la« grande adaptabilité» des vignerons
À l’instar de nombreux secteurs de l’alimentation, celui de la production de vin se trouve à la croisée des chemins. Entre nouvelles exigences des consommateurs, modèles économiques à réinventer et contraintes environnementales accrues.
Au sujet de la culture bio ,levignoble varois ne compte pas, à court et moyen terme, renoncer à l’utilisation d’intrants, selon le président du syndicat, qui estime qu’il n’y a pas lieu d’opposer la culture biologique à la culture traditionnelle. « Ce n’est pas une bonne chose. Dans la culture bio, on utilise des produits autorisés pour le bio. Dans la culture conventionnelle, on utilise des produits qui font aussi appel à la chimie. Sur le bio, on a que le cuivre pour lutter contre le mildiou. Le cuivre aujourd’hui, commence à être décrié, c’est un métal lourd. Il doit y avoir des échéances au 31 janvier 2019 sur sa reconduite. Si on n’a pas la dose nécessaire, on va être ennuyés ». Les membres du syndicat se disent prêts à oeuvrer afin de pouvoir continuer à utiliser le cuivre dans la vigne, tout en s’intéressant à d’autres procédés de fabrication tels que la biodynamie. Les principes de la HVE (haute valeur environnementale) sont également examinés : les critères y sont plus nombreux, notamment sur la biodiversité.
Si les plans de conquête de territoires et de nouveaux marchés à l’international se développent à grande vitesse, les vins IGP Var privilégient le marché local et régional pour une simple et bonne raison. « Pour ce qui est du département, on n’a pas forcément les moyens volumiques pour aller attaquer tel ou tel pays à l’export. Sur les 350 000 hectolitres produits, les deux tiers sont exportés ici sur la grande région --touristique-- et un tiers au plan national. »
Superficie des exploitations, nombre de vignerons… Quel visage offrira le vignoble dans 20 ou 30 ans ? Difficile de le savoir avec certitudes dans un département où l’urbanisation est assez importante et la forêt, immense. « Entre la forêt, qui reprend souvent ses droits et l’urbanistion, on devient assez étriqué », explique-t-il. Un des moyens de développer le vignoble et de répondre aux attentes du marché, serait de regagner des surfaces sur la partie forêt. « Et je parle des surfaces qui, autrefois, étaient en culture. On ne peut pas demander à la viticulture d’être sympa, de laisser construire les maisons, pour conserver les écoles et autres infrastructures et, en même temps leur dire: “Non, non, vous ne pouvez pas aller en forêt, vous allez payer une taxe de défrichement”. Si d’aventure, il traîne une tortue, on fera encore pleurer. Quand je parlais biodiversité, il faut prendre en compte les tortues, mais il faut aussi prendre en compte les agriculteurs, les viticulteurs, et aussi un peu les protéger. » À l’heure actuelle, la surface du vignoble IGP est plutôt stable, voire en augmentation. Cette année, le nombre de demandes d’autorisations nouvelles de plantations est bien au-delà du contingent attendu. Plutôt une bonne nouvelle pour le syndicat. Aujourd’hui, les exploitations se professionnalisent, c’est-à-dire qu’il y a de plus en plus de gens qui exploitent et qui vivent du fruit de leur travail. Quid de la place du label IGP aux côtés des autres labels, type AOC ? « En AOC (coteaux varois, bandol, etc.), on a, je pense, des vins de terroir, avec une délimitation parcellaire particulière. En IGP, on est sur des vins de territoire, c’est ce qui nous laisse cette grande adaptabilité aux différents marchés. »