DIFFAMATION: LA SÉNATRICE COUPABLE

La sénatrice Claudine Kauffmann a bien diffamé Frédéric Boccaletti, le patron du RN (ex-FN) du Var. Il y a plus de 10 000 € à payer, a tranché le tribunal correctionnel de Toulon. Elle fait appel.

Cela n’est pas passé. Et le tribunal correctionnel de Toulon l’a dit sans équivoque. La sénatrice du Var Claudine Kauffmann est reconnue coupable de diffamation à l’encontre de Frédéric Boccaletti, le secrétaire départemental RN (Rassemblement national, nouveau nom du Front national). Les juges ont rendu leur délibéré hier midi, au terme d’une audience pour laquelle aucun des protagonistes n’avait fait le déplacement.

Un total de  €

Exclue, puis démissionnaire du FN, la sénatrice a été condamnée à payer 5 000 euros d’amende, mais aussi 5 000 euros à M. Boccaletti au titre du préjudice moral. Plus 1500 euros pour les frais de justice. Ce dernier avait dû consigner pour voir l’affaire passer en justice. Il a obtenu gain de cause sur toute la ligne. La défense avait tenté de nuancer les propos rapportés dans «un article d’opinion », paru le 4 octobre 2017 sur un blog en ligne, hébergé par le journal Le Monde. Sur le fond, Me Olivier Hasenfratz a rappelé le contexte dans lequel Claudine Kauffmann s’est exprimée. « Comment elle aurait menti pour se protéger », promettant de se retirer d’un fauteuil de sénateur gagné à la faveur du retrait de David Rachline, fraîchement élu. Visé par la loi sur le cumul des mandats, il avait choisi de rester maire de Fréjus. Celle qui arrivait deuxième sur la liste sénatoriale avait finalement refusé de se retirer au profit du troisième, Frédéric Boccaletti. « J’étais menacée par les sbires de M. Boccaletti, on a menacé de me taper dessus. Je lui ai fait croire que je voulais me retirer, il l’a cru jusqu’au bout », avait allégué Claudine Kauffmann. Selon elle, «le but était de l’inciter à laisser son siège de sénateur à M. Boccaletti ». Voilà les propos litigieux, que l’avocat de Frédéric Boccaletti pilonne.

Atteinte à l’honneur

« L’atteinte à l’honneur et à la considération est constituée. Évidemment qu’il s’est senti visé . » À la fois « dans l’accusation directe et dans l’insinuation », développe Me Pierre-Vincent Lambert. À tel point que Frédéric Boccaletti avait annoncé porter plainte dès le lendemain de la publication. « On n’est pas sur un commentaire Facebook, qui traîne quelque part.» La défense a tenté de montrer que « le FN a un langage politique particulier, qui cherche toujours l’expression la plus forte pour marquer les esprits », citant des discours véhéments de JeanMarie Le Pen – « sbires, peloton d’exécution, tuer son papa ». Les arguments n’ont pas convaincu le tribunal qui a sèchement condamné celle qui siège toujours au Sénat, sans l’étiquette d’aucun parti. Et qui a annoncé hier soir interjeter appel.

(Photo Gilbert Rinaudo) Hier soir, par la voix de son avocat, la sénatrice du Var a annoncé faire appel du jugement.