Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les héros de l’armée de l’Air de à l’honneur
Durant six mois, de décembre 1939 à mai 1940, la 54e escadre de l’armée de l’Air s’est entraînée sur l’aérodrome. Peu connu du grand public, cet épisode est honoré ce 18 juin
La « drôle de guerre » a marqué l’histoire locale. Alors que ses valeureux représentants sont à l’honneur aujourd’hui (lire encadré), retour sur des hauts faits historiques vinonnais. Le 3 septembre 1939, à 19 heures précises, les alliés (France et RoyaumeUni) déclarent la guerre à l’Allemagne. Lorsque s’engage ce second conflit mondial, l’organisation de l’armée de l’Air est fondée, dans une large mesure, sur une coopération avec l’armée de Terre. Aussi l’armée de l’Air bascule-telle dans la guerre avec seulement quelques avions d’assaut…
Vol rasant àm du sol
La 54e escadre et son commandant, Pierre Grenet, arrivent le 13 décembre 1939 à Vinon-sur-Verdon, avec des Mureaux 115, des Potez 540 et quelques Bréguet 691… Les Breguet 693 – avec des moteurs plus performants, mieux conçus pour les missions de guerre – n’ont été livrés que le 15 avril 1940… Moins d’un mois avant la première opération. L’entraînement des équipages non formés encore sur Bréguet commence aussitôt. Il se poursuit méthodiquement. Les vols se font à des altitudes de plus en plus basses jusqu’à 5 m du sol et en passage sous les ponts de Cavaillon et Mirabeau !
Le bon accueil de la population
Le 10 avril 1940, arrive à Vinon le lieutenant Delattre. L’officier est affecté au GBA I/54 après son entraînement au vol rasant dans des conditions difficiles à Reims puis Orléans. Il peut alors transmettre à l’ensemble de la 54e escadre son expérience et ses conseils, avant le début du conflit. Il constate les excellentes conditions météo et d’environnement dont a bénéficié l’escadre à Vinon. Les officiers sont logés dans des chambres d’hôtel à Manosque, les sous-officiers chez l’habitant dans la commune et les hommes de troupe dans la grange réquisitionnée de La Désirade. Les conditions de travail sur le terrain sont très dures pendant cet hiver très froid de 1939-1940 mais l’accueil de la population est excellent. Des rencontres iront jusqu’à former de nouvelles familles vinonnaises. Les mois de présence à Vinon sont mis à profit pour organiser régulièrement des conférences destinées à tout le personnel de la base. Les officiers volontaires abordent des sujets divers : logistique, littérature, prophylaxie, histoire, géographie de l’Europe pour donner à tous des clés de compréhension sur cette guerre, et pour souder le groupe autour de connaissances partagées. Quand la guerre paraît inévitable, le capitaine Pierre Grenet, qui est en charge des écoles de l’Air à l’étatmajor, demande à être affecté dans une unité opérationnelle. Il a d’abord été nommé à l’état-major de la 54e escadre puis commandant du GBA II/54 en octobre 1939. Le 4 décembre de cette année a été créée la 6e brigade de bombardement d’assaut, qui réunissait la 54e escadre, la 51e et le II/35.
JOSETTE BOUDIER
Sources : Pierre Facon « L’armée de l’Air dans la tourmente » - Pierre Grenet : présentation « Groupes de bombardement d’assaut (GBA) Le sergent René Lami, pilote, pose devant un bombardier accidenté. Son avion un Breguet sera abattu le mai . Fait prisonnier, rapatrié d’Allemagne un an plus tard comme grand malade, il rejoint ensuite la e escadre en zone libre et milite dans la Résistance avec la section d’atterrissage et parachutage et le BCRA de Londres et d’Alger. Entré à la compagnie Air France en mai , il a pris sa retraite trentedeux années plus tard après avoir totalisé plus de heures de vol, et une activité syndicale prolongée Il est revenu vivre à Vinon jusqu’à son décès en janvier .