Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les quatre idées reçues sur les retraités

Chiffres nationaux à l’appui, les représenta­nts syndicaux des retraités dans le Var, Unsa et CFDT, veulent balayer d’un revers de main les clichés. Présentati­on des arguments

- CATHERINE PONTONE 1. Sources : Insee 2015 et DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiqu­es du ministère de la Santé).

Les retraités sont-ils oisifs, improducti­fs, représente­ntils une charge pour les jeunes génération­s ? À cette question provocatri­ce, soulevée par les syndicats de retraités Unsa et CFDT, leurs représenta­nts varois ont décidé de combattre les clichés. Et ce, dans un départemen­t où la population des plus de 60 ans représente, selon l’Union territoria­le des retraités CFDT du Var, 28, 93 % de la population (1 082 014 Varois, dont 123 940 de plus de 75 ans, selon l’Insee sources 2015). «En 2024, 374 000 Varois auront 60 ans et plus », détaille Christiane Martel, déléguée départemen­tale de l’Unsa retraités. Un plan d’ensemble pour l’accompagne­ment du vieillisse­ment de la population devient urgent. Chiffres en main, ils souhaitent aussi en finir avec « cette forme de discrimina­tion à l’égard des retraités et des personnes âgées, citoyens à part entière et non pas entièremen­t à part ». « La vieillesse, ce n’est pas un naufrage. Même si on est un peu plus lent à la caisse du supermarch­é, on demande à être respecté ! », s’agace Christiane Martel. Ils s’estiment être un peu «les oubliés de l’agenda social du gouverneme­nt ».

. Les salariés sont improducti­fs ? Faux

« Des leçons de solidarité, militantis­me et de bénévolat, nous en avons à recevoir de personne », tacle Christiane Martel aux côtés de Christian Bernard, délégué de l’Union territoria­le des retraités CFDT du Var. « Chiffres nationaux à l’appui, il est prouvé que les retraités sont nombreux à adhérer et animer une associatio­n (48 % des présidents sont des retraités), insiste Christiane Martel. Et celle-ci de citer « l’estimation des 23 millions du nombre d’heures consacrées aux petits-enfants par leurs grands-parents », histoire de tordre le cou à l’idée reçue de la non-solidarité des retraités au sein de la cellule familiale. Dans ce tableau, figurent en bonne place «les aidants familiaux bénévoles en direction de leurs conjoints, de leurs parents, ou de leurs ascendants ». « Sur les 11 millions d’aidants, 32 % sont des retraités », commente Christiane Martel. Autre constat chiffré : l’aide apportée aux enfants (PEL, donations, partages...). « Elle représente 106 milliards d’euros annuels, soit 5, 5 % du PIB, ce qui est énorme », commente-t-elle.

. Les salariés sont des nantis ? Faux

« Non, les retraités ne sont pas des nantis», s’égosillent Christiane Martel et Christian Bernard. «Fin 2015, le montant de la retraite moyenne est de 1376 bruts (1283 nets), ce qui correspond à 66, 6 % du revenu moyen des actifs», explique Christiane Martel. «Un retraité sur quatre perçoit une pension dont le montant est inférieur à 800 et44 % des retraités en France perçoivent une pension dont le montant est inférieur à 1200 Il ne faut pas oublier les personnes âgées qui ne perçoivent pas de retraite, mais une allocation solidarité perte d’autonomie (ancien minimum vieillesse). Elle était en 2015 de 803 pour une personne seule et de 1242 pour un couple.» L’Unsa et la CFDT retraités Var pointent, ainsi, le 1 million de retraités pauvres en France, soit un taux de 15, 9 % dans l’ensemble de la population en France (1,4 % chez les 60-74 ans, 9,1 % chez les 75 ans et plus...). « De nombreux retraités travaillen­t », consent Christian Bernard. Parmi les raisons, le besoin de s’occuper et de percevoir une rémunérati­on complément­aire à leur pension.

. Le pouvoir d’achat n’a pas baissé. Faux

La perte régulière, depuis des années, est « incontesta­ble et incontesté­e ». À cela deux raisons : la première est liée « à une érosion lente et sûre qui s’est produite, depuis environ dix ans, notamment parce que notre pension est désormais calculée sur l’inflation. » « En cinq ans, les retraités ont subi trois années de gel du pouvoir d’achat, les deux années de revalorisa­tion (0, 1 % en 2015 et 0, 8 % en 2017) ne compensent pas l’inflation mesurée sur cette période.» La deuxième raison ? « On a subi plusieurs taxes, depuis des années (mesures fiscales, contributi­on additionne­lle de solidarité pour l’autonomie, et majoration de la Contributi­on sociale généralisé­e) », explique Christiane Martel. «Nous avons calculé qu’en cinq ans, certains retraités ont subi une perte cumulée de 3, 6 % à 4, 1 % de pouvoir d’achat », commente-t-elle. Les souhaits ? L’Unsa et la CFDT demandent qu’après un gel de trois ans du pouvoir d’achat «nos pensions soient revalorisé­es en 2018, et ce en fonction de l’indice mensuel de base, et non pas seulement sur l’inflation. » La priorité doit être donnée, selon les organisati­ons syndicales, aux petites pensions, aucune ne doit être inférieure au Smic pour une carrière travaillée complète.

. Augmenter la CSG sans compensati­on est une mesure juste. Faux

« Nous ne sommes pas hostiles à la CSG», martèlent l’Unsa et la CFDT. «Mais une augmentati­on sans compensati­on est une mesure injuste. Que la retraite soit de 850 euros ou 3 000 euros, tous les retraités sont pénalisés. »

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(Photo C. P.) « Nous ne sommes ni des nantis, ni des oisifs » : chiffres en main, les retraités Unsa et CFDT tordent le cou aux idées reçues. »

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