Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Bientôt un «centre basse vision» à Nice pour tous les malvoyants

Dans un futur proche, Azuréens et Varois handicapés par des troubles visuels pourront bénéficier d’un bilan complet et d’une évaluation de leurs besoins par une équipe pluridisci­plinaire

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Un centre capable d’accueillir et d’aider les dizaines de milliers d’Azuréens et Varois qui ont une vue très basse en dépit des correction­s et qui, pour certains, n’osent même plus sortir de chez eux de peur de chuter, au risque de se retrouver dans un grand isolement. Sous l’impulsion de Max Bouvy, ancien président départemen­tal de l’« Associatio­n Valentin Haüy », cette structure, très attendue par les personnes handicapée­s dans leur vie quotidienn­e par des troubles visuels, va bientôt voir le jour. Le Pr Stéphanie Baillif, responsabl­e du pôle ophtalmolo­gie du CHU de Nice, et partenaire du projet, décrit les besoins: «La malvoyance, qu’elle soit liée à une très forte myopie, à une rétinopath­ie pigmentair­e, à un glaucome terminal ou encore à une Dégénéresc­ence maculaire liée à l’âge (DMLA) touche un nombre considérab­le de personnes. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter avec l’allongemen­t de l’espérance de vie. Nous, médecins, sommes dans le fonctionne­l: nous traitons ces patients. Mais nous ne les accompagno­ns pas dans leur vie quotidienn­e, dans les difficulté­s d’organisati­on qu’ils rencontren­t. »

Améliorer le quotidien

Les patients auxquels le futur centre basse vision est destiné se situent entre deux population­s : d’un côté, les personnes qui, grâce à des lunettes, voient parfaiteme­nt bien ; de l’autre, les non-voyants, équipés de canne blanche, accompagné­s d’un chien, et aidées par les associatio­ns telles que l’« Associatio­n Valentin Haüy ». « Ces personnes qui, en dépit de correction­s, ont une vue très basse (de l’ordre de deux dixièmes), forment une cohorte importante qui ne bénéficie d’aucun accompagne­ment structuré. L’ambition de ce centre est de leur proposer une aide pour potentiali­ser leur vision résiduelle, prévenir une aggravatio­n de leurs troubles mais aussi leur fournir des outils et des conseils pratiques pour améliorer le quotidien. » Les patients pourront ainsi rencontrer des psychologu­es, des nutritionn­istes, des orthoptist­es, des ergothérap­eutes, etc. «Grâce aux exercices de rééducatio­n orthoptiqu­e, les patients peuvent apprendre à mieux utiliser, muscler et stabiliser leur vision résiduelle. Exemple : les personnes atteintes de DMLA vont créer, grâce à des exercices, un nouveau point de fixation. » Le but de l’ergothérap­ie est d’aider à organiser l’habitation (placer les objets différemme­nt) et les déplacemen­ts en fonction de sa vision. « Il s’agit aussi de réapprendr­e les gestes du quotidien », accompagné d’un psychomotr­icien.

Des facteurs d’aggravatio­n liés à une mauvaise alimentati­on

La dimension psychologi­que sera également prise en compte : « On ne peut pas négliger la part de souffrance psychique liée à la perte de vision », insiste Max Bouvy. Enfin, des conseils de prévention seront dispensés, notamment par un nutritionn­iste. «Il existe de grosses erreurs au niveau de la nutrition, pourtant essentiell­e dans certaines pathologie­s, DMLA en tête. Beaucoup ignorent par exemple qu’un régime riche en viande ou en graisses est un facteur d’aggravatio­n de la maladie. Pour limiter le risque et l’évolution, on recommande une alimentati­on riche en fruits, légumes et poissons gras (oméga 3). À bannir également : le tabac et l’exposition solaire à outrance, autres facteurs de risque d’aggravatio­n. »

Tester les dispositif­s grossissan­ts

Outre ces services, les patients accueillis au CBV auront accès à tous les dispositif­s grossissan­t généraleme­nt vendus par les opticiens : « Si on les envoie directemen­t chez un opticien, souvent ils n’essaient pas avant, et ne choisissen­t pas nécessaire­ment la machine adaptée. Là, tous les dispositif­s pourront être testés et ils seront accompagné­s, aidés, conseillés dans le choix du dispositif le plus pratique et le plus utile. Ils pourront ensuite se rendre chez leur opticien pour l’acquérir. » Il n’est pas question en effet que le CBV entre « en compétitio­n » avec les offres existantes en ville. «Il s’agit d’une plateforme de bilan, de service et d’accompagne­ment. » Déjà modélisé, et fortement soutenu par les instances politiques locales et le Centre d’innovation et d’usages en santé (CIU), le Centre basse vision intégrera le « 27 Delvalle » (un espace dédié à l’innovation et au numérique au service de la santé) à Nice. Il deviendra alors la troisième structure de ce type en France, après Paris et Nîmes.

« On ne peut pas négliger la part de souffrance psychique »

Pr Stéphanie Baillif et Max Bouvy

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(Photo d’illustrati­on archives David Latour) Seuls les patients déjà diagnostiq­ués et « étiquetés basse vision » pourront être accueillis au centre niçois.
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