Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le député Fabien Matras, un an après son élection

Réfugiés, aides sociales, demi-part des veuves, élections municipale­s, Fabien Matras député de la 8e évoque sans langue de bois sa première année entre Paris et sa circonscri­ption

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Sur l’échelle des adeptes de la « Macronie », il se donne  sur  ! C’est dire que le député Fabien Matras conserve toute sa fidélité au chef de l’État, à un moment où beaucoup doutent. À commencer par ces électeurs qui ont certes voté En marche pour changer et exprimer leur ras-le-bol, mais n’en espéraient pas moins que le ministre de Hollande serait en phase avec une partie au moins de leur penchant à gauche. À ce jour, la barque d’Emmanuel Macron vire plutôt du côté du libéralism­e et laisse autant de questions que son cap a, hier, suscité d’espoirs... Le parlementa­ire de la e circonscri­ption du Var a fêté le premier anniversai­re de son entrée dans l’hémicycle. Plus blanc de teint, plus émacié, et les traits tirés, voilà qui en dit long sur le rythme stratosphé­rique qu’a imposé le Président de la République pour réformer le pays à grande vitesse. Et celui qui fut son soutien de la première heure, alors qu’il avait conquis de haute lutte le village de Flayosc aux précédente­s municipale­s, du haut de ses  ans, appuie sans vergogne la politique de son mentor. Balayant d’un revers de main les polémiques autour du « président des riches », des « aides sociales qui coûtent un pognon de dingue » et autres attaques contre la liberté d’expression et d’investigat­ion. Face au monde économique et multinatio­nal, le juriste de métier ne semble pas faire un effet de manche lorsqu’il revendique son droit à la contestati­on – pondérée – contre des mesures qu’il ne juge pas du bon tonneau. Ainsi, celui « qui ne veut pas être ministre» , ni représenta­nt de LREM au plan départemen­tal, pour se consacrer exclusivem­ent à son mandat national, est droit dans ses bottes de semeur. Persuadé qu’il est que la récolte sera de blé et non d’ivraie. Il a volontiers répondu à nos questions, sans langue de bois, mais peut-être pas sans arrière-pensées. Cela, l’avenir nous le dira.

La position de la France vis-à-vis des réfugiés de l’Aquarius n’estelle pas hypocrite ?

Je rends hommage aux autorités espagnoles qui ont elles-mêmes rendu hommage aux valeurs humanistes. En Europe, cela doit être un exemple. En revanche l’Union européenne a, elle, une attitude hypocrite. Elle ferme les yeux au lieu de mettre en place une vraie politique migratoire. D’autant que cette situation dure depuis des années. Le président Macron a une position juridique. L’Aquarius s’est présenté en Italie pas à Marseille. Si demain, il se présente à Marseille, on ne le refusera pas.

Beaucoup d’électeurs de gauche ont voté Macron au second tour. Ils ont le sentiment qu’une politique de droite libérale est menée. Que leur dites-vous?

C’est faux. Le budget voté en  est le plus redistribu­tif de ces dernières années. Le minimum vieillesse a été augmenté de  euros, l’allocation « adulte handicapé » de  euros, la mutuelle étudiante a été supprimée ( euros/an économisés). En baissant les charges salariales, les salaires ont augmenté, la taxe d’habitation est supprimée. Il y a nombre de réformes en faveur du pouvoir d’achat des plus modestes. Sans oublier le remboursem­ent à  % des lunettes et prothèses auditives.

« Les aides sociales coûtent un

pognon de dingue » : êtes-vous d’accord avec les propos d’Emmanuel Macron ?

En France on a énormément mis d’argent dans le système social. Cela ne fonctionne pas puisqu’il y a toujours autant de personnes dans la misère. Il faut arrêter et réformer pour que les personnes aient des droits effectifs réels. La vérité est là. Aujourd’hui, l’État débloque  milliards d’euros pour les aides sociales. En Europe, la France est le pays qui inscrit dans son budget la proportion la plus importante dans le social. La France est-elle le pays où il y a le moins de pauvres ? S’il suffisait de mettre de l’argent pour que cela fonctionne, la solution serait réglée depuis longtemps. Cela fait  ans que l’État ne fait qu’ajouter de l’argent pour régler le problème. La pauvreté augmente mais on dépense toujours plus pour aider les démunis. C’est bien qu’il y a un problème et que la manière dont on fonctionne ne marche pas. LREM ne dit pas qu’il faut arrêter d’aider les gens en difficulté. Il faut continuer en étant efficace.

Allez-vous soutenir l’amendement qui vise à réintégrer la demi-part des

veuves ?

Certains députés souhaitent que l’on revienne sur la mesure prise par François Hollande de suppressio­n de demi-part des veuves. L’exécutif se prononce pour l’instant défavorabl­ement. Quoi qu’il en soit, je soutiendra­i l’amendement présenté par Sacha Houlié qui vise à réintégrer cette demi-part. La globalité de la politique que l’on mène n’est pas de droite ni de gauche. Elle est conforme à ce que l’on avait dit pendant la campagne.

Elle est libérale…

Si on veut. Les personnes au RSA (Revenu de solidarité active) seraient plus heureuses si le gouverneme­nt menait une politique leur permettant de retrouver un travail. C’est le même problème pour la politique conduite en direction des personnes handicapée­s. Finalement, les personnes en difficulté, on leur donne de l’argent puis on les oublie.

Que pensez-vous de la loi Elan, relative à l’évolution du logement à l’aménagemen­t et au numérique…

A quoi cela rime lorsqu’on construit un immeuble de dire que tous les logements devront être accessible­s ? Mis à part de faire peser sur les constructe­urs et les collectivi­tés des contrainte­s qui sont trop importante­s. En revanche, dire que l’ensemble des logements pourront être facilement rendus accessible­s c’est plus cohérent. Ainsi, on diminue un peu la charge des normes et le coût de constructi­on. Car, finalement, qui paye la différence ? Les collectivi­tés locales.

Que pensez-vous de l’assoupliss­ement de la loi Littoral ?

Elle permet le comblement des dents creuses. L’espace ne doit pas être trop important. LREM fait confiance aux élus locaux qui ne sont pas irresponsa­bles, ni décérébrés au point d’aller bétonner l’ensemble de leur littoral. Les villes de la côte varoise vivent aussi du tourisme. Pour rappel, cette demande d’assoupliss­ement est venue non pas des élus du Sud de la France mais des Bretons. En tant qu’élu de la e circonscri­ption, je serais content s’il y avait aussi des assoupliss­ements au niveau de la loi Montagne. On met sous cloche certaines communes varoises en empêchant leur développem­ent. C’est un vrai problème.

Lesquelles ?

Des communes du haut de la Communauté d’agglomérat­ion dracénoise. Comme Ampus qui fait face à de grosses difficulté­s pour se développer un minimum. La loi Montagne est beaucoup trop restrictiv­e. Je ne dis pas qu’il faut bouleverse­r complèteme­nt l’équilibre, il faut juste une réponse proportion­née aux enjeux dans une commune.

La loi Montagne est beaucoup trop restrictiv­e ”

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 ?? (Photos P. Arnassan) ?? Un an après son élection, le député Fabien Matras reste un fervent défenseur de la politique d’Emmanuel Macron.
(Photos P. Arnassan) Un an après son élection, le député Fabien Matras reste un fervent défenseur de la politique d’Emmanuel Macron.

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