Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Nouvelle vague de démissions à l’antenne de la Croix-Rouge
Moins d’un an et demi après le départ de sa responsable et d’une trentaine de bénévoles, l’antenne doit faire face à une nouvelle vague de démissions et… d’accusations
On pensait la fièvre retombée, le malade remis sur pieds. Dix-sept mois après le début d’une crise qui a fait partir une grande partie des bénévoles, dont la responsable de l’antenne de l’époque (lire ci-contre), la rémission semble compromise pour la CroixRouge saint-maximinoise. Le 19 avril dernier, Sabine Certes, première adjointe de Caroline Saleil, responsable de l’antenne depuis décembre 2016, a décidé de quitter la structure, affirmant ne plus pouvoir supporter « un univers dominé par la suspicion, l’hypocrisie et la malveillance». Son départ coïncide avec ceux d’une dizaine de bénévoles, qui appuient les propos et la démarche de leur collègue (lire ci-après).
Un courrier à Paris
Sabine Certes a résumé, dans un courrier adressé aux instances nationales, les circonstances et les raisons de sa démission, qu’elle définit comme « contrainte », après quinze années d’engagement. Elle y raconte les mois qui ont suivi le départ de Nathalie Cano : comment elle a préféré décliner la responsabilité de l’antenne qui lui était proposée par la responsable régionale, Simone Long ; puis une période de sérénité peu à peu retrouvée… Jusqu’à la fin du mois mars dernier, date à partir de laquelle « des événements pour le moins surprenants se sont enchaînés ».
Décisions soudaines et inexpliquées
Différents faits sont ensuite énumérés dans le courrier. Ils démontrent que les instances régionales de la Croix-Rouge, physiquement représentées par leur responsable Simone Long, ont décidé d’éloigner, sans raison apparente, Sabine Certes et certains bénévoles des tâches qui leur étaient habituellement confiées. Parmi elles, une collecte alimentaire aux Arcs, soudainement confiée à une autre équipe ; l’annulation, – également soudaine et inexpliquée – de la participation à une formation pour laquelle Sabine Certes et un autre bénévole avaient pourtant été « fortement sollicités » par leur direction départementale ; suppression « hâtive et radicale » d’un camion de prise en charge mobile de bénéficiaires… « Un dispositif unique, qui faisait la fierté de nos dirigeants lors de sa mise en place et qui fonctionnait parfaitement… » En point d’orgue, la nomination surprise, au poste de deuxième adjointe, d’une bénévole dont le comportement et l’attitude, tant avec ses collègues qu’avec les personnes se rendant dans les locaux, avaient été unanimement dénoncés en février. « Simone Long elle-même lui avait proposé de prendre un peu de distance en raison de la “mésentente caractérisée avec l’ensemble des bénévoles”. Elle avait alors préféré démissionner. Pourtant, un mois plus tard, Simone Long l’imposait dans l’équipe dirigeante de l’antenne. Encore une fois sans aucune explication… » La goutte de trop pour Sabines Certes.
Ils démissionnent en soutien à Sabine Certes
Une dizaine de bénévoles ont décidé de quitter l’antenne maximinoise en même temps que leur responsable adjointe. Ils témoignent du climat « anxiogène » qui y régnait : « J’ai exposé, dans un courriel, certains dysfonctionnements. En retour : froideur, irrespect, vociférations, humiliations et accusations diffamatoires… Jusqu’à mon expulsion par la responsable. D’autres ont choisi de partir avant de subir la même chose», écrit une démissionnaire. D’autres, à l’instar de Paquita Baudet, bénévole depuis un an, assurent avoir été traités « comme du bétail », après avoir souligné certains comportements, notamment des « libertés » que certains prendraient avec les stocks de vêtements. Elle attend aujourd’hui de passer devant une commission disciplinaire (!) avant de savoir si on l’autorise à revenir. Bernard Chenel, ancien officier logistique de la Sécurité civile, bénévole depuis 6 ans : « On nous fait miroiter des postes, des fonctions, que jamais on nous donne. Même si je ne suis pas là pour “monter” ou commander… Je trouve cela irrespectueux. Pire : on nous retire de postes sur lesquels nous sommes les plus qualifiés. » Avec Antoine Farrugia (8 ans de bénévolat), il était en charge de la gestion et de la conduite des camions : « Je ne comprends pas pourquoi on a choisi de nous en éloigner, personne ne peut faire ça aussi bien aujourd’hui… » Déception, incompréhension, sentiment d’avoir été méprisés et inquiétude pour la qualité du service rendu aux bénéficiaires reviennent sans cesse dans les bouches des démissionnaires… « Je pense continuer à faire du bénévolat pour la Croix-Rouge, mais ce ne sera certainement pas à Saint-Maximin », conclut Bernard.