Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Macron reçu par le saint-père au Vatican

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Les deux hommes se sont quittés hier tout sourire après un entretien record, en s’étreignant à plusieurs reprises

Le président français Emmanuel Macron a rencontré, hier matin, longuement le pape François, mais aussi la veille, très discrèteme­nt, le chef du gouverneme­nt italien, en plein conflit politique entre Paris et Rome sur l’accueil des migrants. Selon des sources gouverneme­ntales citées par les médias italiens, et confirmées ensuite par un porteparol­e italien à l’Agence France Presse, les deux hommes ont eu un long entretien dans un restaurant au cours duquel ils ont évoqué le dossier des migrants, à l’avant-veille d’un sommet européen largement consacré à cette question. L’Elysée n’avait pour l’instant pas confirmé. Le Président Macron, éduqué dans un lycée jésuite, et le pape argentin, de l’ordre des Jésuites, ont parlé de la laïcité, du dialogue interrelig­ieux, du changement climatique, ainsi que de « sujets sociétaux » ,aprécisé la présidence française, évoquant un « échange très libre et très intense ».

“Les Bretons, c’est la mafia française”

Le chef de l’Etat est ressorti du palais pontifical au bout de cinquante-sept minutes, le plus long entretien jamais accordé par le pape argentin à un chef d’Etat ou de gouverneme­nt. Il a été rejoint à la fin de son entretien privé par son épouse Brigitte, en strict tailleur noir, ainsi que par une délégation dont son ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, chargé des cultes, et celui des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. « Les Bretons, c’est la mafia française », a-t-il plaisanté en le lui présentant. Le président français a offert au pape une édition en italien de 1949 du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos, écrivain catholique fervent, que son hôte apprécie beaucoup.

“E tutti siamo poveri”

Le pape lui a remis une médaille de saint Martin qui, selon la tradition chrétienne, a partagé son manteau avec un déshérité. « C’est la vocation des gouvernant­s de protéger les pauvres... e tutti

siamo poveri » [et nous sommes tous des pauvres], lui a fait remarquer François avec un regard appuyé. Le pape, qui a fait de l’accueil des migrants une priorité, interpelle régulièrem­ent les dirigeants de l’UE pour qu’ils maintienne­nt des idéaux fondateurs comme « la solidarité ».

Un Président tactile

Le Président français a posé la main sur l’épaule du pape dans un geste étonnammen­t complice et les deux hommes se sont embrassés sur les deux joues. Avant cette rencontre, Emmanuel Macron avait pris son petit-déjeuner avec la communauté de laïcs catholique­s Sant’Egidio, qui organise des « couloirs humanitair­es » acheminant des réfugiés syriens en Europe dont la France. Pour Emmanuel Macron, c’est un « modèle de politique d’immigratio­n légale », a commenté Andrea Riccardi, fondateur de Sant’Egidio. Emmanuel Macron a ensuite assisté à une cérémonie religieuse dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran pour recevoir son titre de « premier et unique chanoine d’honneur » de la cathédrale, une tradition remontant au roi Louis XI mais réactivée par Henri IV. Son prédécesse­ur François Hollande s’était abstenu de ce cérémonial. Le président français a pris la parole à son tour, justifiant son choix de participer à cette cérémonie au nom de la « tradition de concorde et d’amitié entre la France et le Vatican ».

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(Photo Twitter Elysée) Entre le pape François et Emmanuel Macron, le courant est bien passé hier au Vatican.

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