Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les riverains de la prison des Nouradons en colère

De nombreux habitants, à Draguignan et Lorgues, se plaignent des nuisances sonores causées par la maison d’arrêt des Nouradons. La directrice de l’établissem­ent dit qu’elle n’y peut rien

- T. D.

Tout a commencé par un simple message sur la page facebook de Var-matin Draguignan. Une habitante de Lorgues exprimait son ras-le-bol. « Depuis l’ouverture de la prison, nous subissons des nuisances sonores (hurlements, insultes, musiques etc.). Imaginez-vous de retour chez vous après une journée de travail, et vous entendez ces nuisances jusqu’à 23 h, voire plus. J’ai prospecté les habitants aux alentours et ils témoignent tous comme moi, leur désolation et leur colère!» Après quelques échanges, rendez-vous est donné à proximité de la maison d’arrêt, un soir de semaine, pour prendre le pouls. Sur place, une vingtaine de personnes attend fermement notre arrivée. La tension est palpable. Les visages sont tendus. «Onest arrivé ici en 1989. À l’époque on était plutôt tranquille­s », explique Jean-Pierre, l’un des « anciens » du quartier. « Mais avec l’arrivée de cette prison, on nous a supprimé cette quiétude. Il y a d’abord eu les travaux pendant plusieurs mois. Ensuite, les détenus sont arrivés. Depuis, il y a sans arrêt des hurlements et des insultes. »

Des insultes et des cris

Philippe constate : «On se croirait parfois en boîte de nuit ! On entend de la musique à fond de 18 heures à 23 heures. C’est infernal. Je ne comprends pas pourquoi on entend autant de bruit. Ils n’ont pas à crier, il y a pourtant des «matons» (gardiens NDLR) … ». Quelques habitants se sont bien opposés à la constructi­on de cette maison d’arrêt, il y a plusieurs mois, par pétition et voie judiciaire. En vain. Aujourd’hui, ils pestent d’autant plus, que des « parloirs sauvages » sont également improvisés régulièrem­ent. L’un des riverains explique : «La famille ou des amis de détenus viennent à l’extérieur de la prison pour communique­r. Pendant plusieurs minutes, ils parlent tranquille­ment entre eux…Puis, ils crient pour se faire entendre. » Laurent, lui, habite pourtant à plus d’un kilomètre de la prison, mais il subit également ces nuisances : « J’ai des enfants de 6, 11 et 14 ans, et cette situation n’est franchemen­t pas terrible. Ils entendent des insultes en permanence, ce n’est pas l’éducation qu’on leur donne. Je peux comprendre que les détenus fassent du sport dans la journée par exemple, qu’ils puissent s’exprimer. Mais pas le soir et de cette manière. » Les interrogat­ions et les craintes sont nombreuses. « Comment va-t-on faire cet été lorsque nos fenêtres seront ouvertes le soir ? ». « Qu’en est-il de la dévalorisa­tion du prix de nos maisons ? » Sans parler de la peur de représaill­es, de la part de proches des détenus. Unanimes, tous réclament des mesures pour gagner en tranquilli­té.

« Vous voulez que l’on se fasse condamner ? »

Ils ont donc envoyé un message à la mairie de Draguignan le 27= mai dernier. Deux semaines plus tard, voici la réponse du maire Richard Strambio : « Le message a retenu mon attention. Je le porte à la connaissan­ce de la directrice de la maison d’arrêt de Draguignan, afin qu’elle prenne attache avec vous aux fins de solutionne­r les problèmes que vous évoquez. » Joint par nos soins, Claire Doucet, directrice de la maison d’arrêt, semble perplexe sur le problème rencontré. « La musique? Il y a plus de 500 détenus, donc ils regardent la télévision, ils s’interpelle­nt… Il faut faire avec, hélas. Les moyens d’action sont limités… ». Et d’ajouter : « J’ai sensibilis­é les gardes de nuit, mais on ne peut pas rentrer dans les cellules la nuit, d’autant plus que nous sommes en effectifs réduits. On dit aux gardiens de taper sur les portes s’il y a du bruit. À 22 h 30, il n’y a rien d’exceptionn­el. Je m’attendais à pire. Mardi dernier, il n’y avait pas de bruit. Obliger les détenus à fermer leurs fenêtres le soir ? Mais vous voulez que l’on se fasse condamner par la Cour européenne des droits de l’homme ? ». Pour l’instant, les autorités semblent faire la sourde oreille face au mécontente­ment des riverains. Jusqu’à quand ?

 ?? (Photo Philippe Arnassan) ?? Près de la maison d’arrêt des Nouradons, les riverains sont désespérés par le bruit constant.
(Photo Philippe Arnassan) Près de la maison d’arrêt des Nouradons, les riverains sont désespérés par le bruit constant.
 ?? (Photo Ph. Arnassan) ?? Les habitation­s sont pourtant loin de la maison d’arrêt des Nouradons.
(Photo Ph. Arnassan) Les habitation­s sont pourtant loin de la maison d’arrêt des Nouradons.
 ?? (Photo T.D.) ?? Les riverains de la maison d’arrêt n’en peuvent plus. Ils sont excédés par les nuisances sonores répétées depuis trois mois.
(Photo T.D.) Les riverains de la maison d’arrêt n’en peuvent plus. Ils sont excédés par les nuisances sonores répétées depuis trois mois.

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