Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les Républicains affichent un consensus sur l’Europe
Réunis hier autour de Laurent Wauquiez en Conseil national à Menton, les cadres du parti ont globalement parlé d’une même voix pour défendre « une ambition nationale et européenne »
Il ne faut pas s’y tromper. Le temps n’est pas encore aux gros câlins sans arrière-pensées chez Les Républicains. En atteste le passage express, hier à Menton, de Valérie Pécresse au Conseil national décentralisé de LR. Arrivée avec une heure de retard dans une robe rouge pimpante, pendant de la fameuse parka de la même teinte de Laurent Wauquiez, la présidente de la Région Ile-de-France n’a pas moisi sur place, repartant une heure plus tard à peine.
« Patriotes et européens »
Sur le fond, pourtant, une évidence s’impose. Les convergences sont bien plus importantes que les divergences au sein des Républicains sur la question européenne. C’est Brice Hortefeux, l’ancien lieutenant de Nicolas Sarkozy, qui a le mieux résumé la pente générale du parti: «Nous devons avancer sur nos deux jambes, en ayant une ambition nationale et européenne. » Autrement formulé par Bruno Retailleau, «il ne faut pas surjouer les différences». Nul n’a d’ailleurs cherché à le faire hier. Pas même Valérie Pécresse. «L’Europe est en danger de mort et beaucoup souhaitent sa mort: Donald Trump, la Chine, les islamistes », a-t-elle souligné. Et de plaider en conséquence « pour une Europe de conquête et de fermeté à la fois. Il faut sauver l’Europe à vingt-sept, sans en laisser le monopole à Emmanuel Macron. Si tout le monde s’en va, on n’y arrivera pas. Mais il ne faut pas non plus de fuite en avant, il faut des lignes directrices, une Europe qui protège, une Europe de la défense. » Et d’admettre, très wauquiériste pour le coup : « Tous les illégaux qui entrent en Europe doivent rentrer chez eux. On a besoin de plus de France en Europe. Patriotes et européens, ça doit être notre projet. » Dans un grand écart permanent et compliqué, entre fidélité à la mémoire de Simone Veil et mise en exergue du risque migratoire, Laurent Wauquiez a pu se féliciter in fine que ce Conseil national mentonnais ait offert « une belle image de ce qu’est la famille des Républicains », au terme d’échanges largement consensuels et dénués d’invectives. Déjà beaucoup dans la phase tourmentée que traversent Les Républicains depuis un an.
Un projet à sept piliers
Stigmatisant une Europe «devenue trop normative, trop arrogante, trop lointaine et trop peu protectrice » ,le patron de LR a proposé, à mi-chemin entre «l’isolement sans issue que veulent les extrêmes» et «l’incantation d’une Europe fédéraliste coupée des réalités d’Emmanuel Macron », de refonder l’Europe en relevant trois défis concrets: « Faire face à la crise migratoire en retrouvant la maîtrise de nos frontières; restaurer la préférence communautaire et réduire les normes; pérenniser l’humanisme qui plonge ses racines dans l’héritage judéo-chrétien. » Un projet appuyé sur sept piliers validés par le bureau politique de LR : des frontières sûres, des frontières stables (aucun élargissement), la préférence européenne, le refus de la concurrence déloyale, moins de normes, plus de coopération sur de grands projets et le respect des racines et des valeurs européennes.