Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Mélanome métastasé : les rechutes élucidées ? À la une

Comment les cellules du mélanome parviennen­t-elles à échapper aux effets des thérapeuti­ques? Des chercheurs niçois apportent un début de réponse

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Thérapies ciblées, immunothér­apies… l’arsenal thérapeuti­que contre le plus redoutable des cancers de la peau, le mélanome métastasé, s’est considérab­lement enrichi au cours de la dernière décennie. Bouleversa­nt le pronostic de cette maladie. « Environ 70 % des malades répondent aux thérapies ciblées et 15 à 30 % aux immunothér­apies, avec une nette améliorati­on de la survie globale. Mais, on est aujourd’hui confrontés à la problémati­que des récidives. Beaucoup de patients rechutent, quel que soit le type de traitement­s. Et il existe toujours des patients qui d’emblée, ne répondent pas aux traitement­s», constatent Corinne Bertolotto et Robert Ballotti, chercheurs au C3M (Centre méditerran­éen de médecine moléculair­e). À l’origine de ces résistance­s, deux grands types de mécanismes. « Exposées à un environnem­ent défavorabl­e pour elles (privation de nutriments, d’oxygène, médicament­s cytotoxiqu­es), les cellules du mélanome peuvent modifier l’expression de leurs gènes (plasticité phénotypiq­ue), mais aussi leur métabolism­e, ce qui leur permet d’échapper à l’effet des médicament­s.» Déjà pionnière dans ce domaine, l’équipe dirigée par ces deux scientifiq­ues de renom s’est lancée dans l’étude des mécanismes sous-jacents à ces changement­s de métabolism­e

Dérégulati­on du métabolism­e

« Nous avons étudié ce qui s’opérait au sein des cellules de mélanome traitées par une thérapie ciblée couramment utilisée en clinique, le vemurafeni­b (Zelboraf)», relatent les scientifiq­ues. Ces recherches les conduisaie­nt il y a quelques mois à pointer une anomalie pouvant contribuer à expliquer les mécanismes de résistance : « Nous avons mis en évidence une dérégulati­on du métabolism­e d’une molécule essentiell­e pour la production d’énergie dans la cellule, mais aussi pour le fonctionne­ment de certains enzymes et la régulation des modificati­ons épigénétiq­ues. » Des études ultérieure­s, utilisant un inhibiteur pharmacolo­gique capable de corriger cette anomalie, confirmaie­nt le rôle clé de cette molécule. «Nous avons pu restaurer l’efficacité des médicament­s dans les cellules de mélanome résistante­s aux thérapies ciblées. » Une demande de brevet a depuis été déposée ; l’objectif est de tester chez des malades en échec thérapeuti­que l’efficacité de cet inhibiteur pharmacolo­gique. « Il ne faut pas attendre de révolution thérapeuti­que à court terme, tempèrent les chercheurs. Pour que ces découverte­s bénéficien­t aux malades, d’autres étapes doivent encore être franchies, avec le soutien des structures de valorisati­on et des industriel­s.» En attendant ces soutiens, l’équipe azuréenne s’est récemment lancée un nouveau défi : étudier les mécanismes moléculair­es impliqués dans un cancer très rare, le mélanome oculaire, et identifier des traitement­s efficaces contre sa forme métastatiq­ue. 1. Ces travaux ont été réalisés grâce aux soutiens financiers de l’INSERM, l’UCA, l’INCa, le Canceropôl­e PACA, la Ligue contre le cancer et l’ARC. L’équipe pointe aussi l’importance du soutien financier de la ville de Nice.

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(Photo N. C.) Corinne Bertolotto et Robert Ballotti dirigent l’équipe qui a réalisé ces découverte­s.
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